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En 2012, la société Kodak se plaçait sous la loi américaine sur la faillite, ne pouvant faire face à ses pertes suite à la disparition progressive de la photographie argentique depuis le tournant des années 2000. On explique fréquemment cet échec industriel par le fait que Kodak, faisant face à une technologie de rupture, fut confronté à un véritable dilemme et ne sut pas négocier le virage vers les technologies de l’imagerie numérique. Notre article pondère cette théorie en la considérant trop réductrice. Ses processus d’innovation bien structurés permirent à Kodak d’étudier les technologies des capteurs CCD et de concevoir la première caméra numérique magnétique dès les années 1970. Si le groupe américain se diversifia trop dans l’industrie chimique, cela ne l’empêcha pas de développer progressivement une R&D (Recherche & Développement) dans le numérique, et d’introduire sur le marché des produits soit hybrides argentiques-numériques, soit entièrement numériques.

In 2012, Kodak filed for bankruptcy, unable to cope with its losses following the gradual disappearance of analogue photography since the turn of the millennium. This industrial failure is often explained by the fact that Kodak, facing a disruptive technology, was confronted with a real dilemma and did not know how to negotiate the shift to digital imaging technologies. Our article rethinks this theory, deemed overly simplistic. Kodak’s well-structured innovation processes allowed the company to study charge-coupled device (CCD) sensor technologies and to create the first magnetic digital camera as early as the 1970s. Although the American group diversified too much in the chemical industry, this did not prevent it from progressively developing a research and development strategy in digital technologies, and launching products that were either analogue-digital hybrids or entirely digital. JEL Codes : L100, L250, L630, N72, O320, 0330