La vérité évaluée par le témoignage : le cas des enquêtes d’Afonso II (Portugal, 1220)
Type de matériel :
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The Inquiries of 1220 in Portugal turn out to be valuable instruments of monarchical and ecclesiastical power based on the voice of witnesses that were vassals or subjects. The way these voices were modulated during the inquiry and later on in the hands of the scribes of the royal chancery allows us to conceive the potential of evidence produced through legal processes for the promotion of political scenarios. This article analyzes the quality of the testimonies and their evaluation capacity for judging as essential condition for the establishment of a credible truth through their oral statements in front of the boni homines. It is about recognizing the expertise of witnesses who create or strengthen links, often by merging territorialities, communities and allegiances. Therefore, it is not so much a matter of considering the facts as a totality–which is alien to juridical perspective–but of (re)constructing reality by a method which might warrant its verisimilitude.
Les enquêtes de l’an 1220 au Portugal se révèlent de précieux instruments du pouvoir monarchique et ecclésiastique, dont la caractéristique dominante est basée sur la « voix » des vassaux et des sujets qui servaient de témoins. La façon dont ces voix étaient modulées à la fois au moment de l’enquête et, plus tard, aux mains des scribes de la chancellerie royale, nous permet d’entrevoir le potentiel des preuves produites lors des procès juridiques pour la dynamisation de scénarios politiques. Cet article montre que la qualité des témoignages et la capacité d’évaluation attribuée aux témoins sont des conditions indispensables à l’établissement de la vérité. Celle-ci se fonde sur l’évaluation sociale de ceux dont les discours constituent la matière des témoignages. Il s’agit de reconnaître l’expertise des témoins. Ces derniers créent ou renforcent des fils qui enchevêtrent souvent territorialités, communautés et allégeances. Les témoignages établissent ainsi une vérité prononcée à haute voix devant des boni homines. Il ne s’agit donc pas tant d’apprécier les faits dans leur globalité – perspective étrangère à la logique juridique – mais de (re)construire la réalité par une méthode qui garantisse sa vraisemblance.
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