Vers une stratégie nationale de lutte contre l’infertilité et le déclin de la fertilité
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With 3.3 million people directly affected in France, infertility has become a major public health issue, yet it has never been treated as such by the public authorities. In France, as in all industrialised countries, the rise in infertility is primarily the result of the decline in the age of childbirth. In four decades, this age has increased by five years. In 2019, French women had their first child at an average age of 29. As fertility gradually declines from the age of 30, so-called ‘late motherhood’ automatically increases the risk of infertility. This decline in the age of childbearing is the result of a number of societal factors. The spread of female labour and contraceptive techniques has contributed to this. Sociologists also identify other factors, such as a possible decline in the desire for children among the younger generations, the search for professional and emotional stability before embarking on a parental project, an economic crisis and the absence of a public policy facilitating the reconciliation of family and professional life. In addition, the ignorance of many couples about the reality of the decline in their fertility with age, combined with excessive confidence in the performance of assisted reproductive technology (ART), results in a demand for increasingly late medical support, thus limiting success rates. Environmental factors are also behind the rise in infertility. A meta-analysis carried out in 2017 showed a decline of more than 50% in sperm concentration in men in industrialised countries between and1973 probably 2011, continuing at the same rate since then. This phenomenon would be linked in particular to regular exposure to endocrine disruptors. Furthermore, recent studies show the negative impact of Western lifestyles on the fertility of men and women, particularly during the pre-conceptional period, i.e. the 6 months preceding pregnancy: smoking or cannabis consumption, obesity, eating disorders, etc. These behaviours could even have a trans-generational effect, with consequences on the health and reproductive function of the unborn child. Infertility is also very often linked to medical causes. In women, it can have a mechanical origin, such as endometriosis, a widespread but still poorly understood pathology that causes tubal obstruction. It can also be of hormonal origin. For example, polycystic ovary syndrome (PCOS) is the most common cause of menstrual cycle disorders and lack of ovulation. Infertility in men can be endocrine, testicular or related to genital tract damage. The most common cause is varicocele. Despite the multiplicity of these causes, which are themselves often combined, infertility has long remained a blind spot for public authorities. A first step was therefore to identify these causes and to formulate concrete ways of combating them. In this respect, the mission presents six areas for improvement forming the framework of an operational plan for the prevention of infertility (educate and inform with a collective and individual information, update and train health professionals in infertility prevention, better detection and diagnosis of the causes of infertility, establishment of a comprehensive and coordinated national research strategy on human reproduction and infertility and the creation of a ‘National Fertility Institute’, embodying the discipline, guaranteeing the coordination of actors in the prevention and treatment of infertility.
avec 3,3 millions de personnes directement touchées en France, l’infertilité est devenue un enjeu de santé publique majeur, qui n’a jamais été traitée comme telle par les pouvoirs publics. En France, comme dans l’ensemble des pays industrialisés, la hausse de l’infertilité résulte tout d’abord du recul de l’âge à la maternité. En quatre décennies, cet âge a augmenté de cinq ans. Ainsi, en 2019, les Françaises avaient-elles leur premier enfant à 29 ans, en moyenne. La fertilité déclinant progressivement à partir de 30 ans, les maternités dites « tardives » augmentent mécaniquement le risque d’infertilité. Ce recul de l’âge à la maternité résulte d’un ensemble de facteurs sociétaux, la généralisation du travail féminin et des techniques contraceptives y ayant contribué. Les sociologues identifient également d’autres déterminants, tels qu’un possible déclin du désir d’enfant chez les jeunes générations, la recherche d’une stabilité professionnelle et affective avant de concrétiser un projet parental, la crise économique ou encore l’absence d’une politique publique facilitant la conciliation entre vie familiale et vie professionnelle. En outre, l’ignorance, chez de nombreux couples, du déclin de la fertilité avec l’âge, conjuguée à une confiance excessive dans la performance des techniques d’assistance médicale à la procréation, se traduisent par une demande d’accompagnement médical de plus en plus tardif, limitant ainsi les taux de succès. Des facteurs environnementaux sont également impliqués dans cette hausse de l’infertilité. Une méta-analyse, réalisée en 2017, a fait apparaître un déclin de plus de 50 % de la concentration spermatique chez les hommes des pays industrialisés, entre 1973 et 2011 – déclin se poursuivant probablement au même rythme depuis lors. Ce phénomène serait notamment lié à une exposition régulière aux perturbateurs endocriniens. Par ailleurs, de récentes études montrent l’impact négatif des modes de vie occidentaux sur la fertilité des hommes et des femmes, en particulier pendant la période préconceptionnelle, à savoir les six mois précédant la grossesse : consommation de tabac ou de cannabis, obésité, troubles de l’alimentation, etc. Ces comportements pourraient même produire un effet transgénérationnel, avec des conséquences sur la santé et la fonction reproductrice de l’enfant à naître. L’infertilité est aussi très souvent liée à des causes médicales. Chez les femmes, elle peut avoir une origine mécanique ; l’endométriose, par exemple, pathologie répandue mais encore mal connue, provoque une obstruction des trompes. Elle peut aussi être d’origine hormonale. Ainsi le syndrome des ovaires polykystiques est-il la cause la plus fréquente de troubles du cycle menstruel et d’absence d’ovulation. Chez les hommes, l’infertilité peut enfin avoir une origine endocrinienne, testiculaire, ou bien être liée à des lésions des voies génitales. La cause la plus fréquente est la varicocèle. Malgré la multiplicité de ces causes, elles-mêmes souvent combinées, l’infertilité est longtemps demeurée un angle mort des pouvoirs publics. Une première étape consistait donc à bien recenser ces causes et à formuler des pistes concrètes pour les combattre. La mission présente en ce sens six axes d’améliorations formant le cadre d’un plan opérationnel de prévention de l’infertilité : éduquer et informer individuellement et collectivement sur la fertilité et les facteurs de risques de l’infertilité, renforcer la formation des médecins et des autres professionnels de santé sur la prévention de l’infertilité, développer la recherche dans le domaine de la reproduction humaine, impulser et incarner cette priorité nationale et pallier l’actuel déficit de coordination entre les différents acteurs. La mission recommande la création d’un Institut national de la fertilité, avec une approche interministérielle.
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