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La transition en Tunisie survient à la suite d’une décapitation brutale, physique et réelle. Le sommet de l’Etat concentré autour de la personne de Ben Ali a été soudain vacant. Le départ précipité de ce garant de la sécurité doublé d’un parrain de mafia, représente un scénario d’une violence inédite qui désarçonne, ébranle une concentration verticale lentement construite depuis Bourguiba. La spirale déclenchée par l’immolation d’un chômeur de Sidi Bouzid, une des régions ostracisées, a abouti à la mise à terre du régime. Le traumatisme infligé à un appareil d’Etat hyper-centralisé a imposé la transition politique comme une issue fatale, vitale.Comment maîtriser les dragons du pouvoir autoritaire soudain nu ? Comment transformer ce signal d’alarme en réformes salvatrices ?L’entrée brutale dans une nouvelle arène politique se fait aujourd’hui dans une communication appauvrie par la surveillance, sur un référent politique unanimiste depuis l’indépendance et l’absence d’une expérience de cohabitation et d’alternance, sans aller jusqu’à l’opposition. C’est trop à la fois pour effectuer un grand écart.