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Le sentiment patriotique dans le discours des législateurs de 1801

Par : Type de matériel : TexteTexteLangue : français Détails de publication : 2010. Ressources en ligne : Abrégé : RésuméLe patriotisme de la Révolution s’était caractérisé, outre par une adhésion aux idéaux de 1789 à travers l’amour de la terre natale, par un sentiment de supériorité. La nation française s’était regardée et avait été regardée comme la « Grande Nation ». Il n’en avait pas moins procédé de la philanthropie des Lumières et avait promu un messianisme libérateur des peuples. Dans les travaux préparatoires du Code civil, le patriotisme des législateurs de 1801 apparaît comme un avatar de ce nationalisme universaliste. Dès la première journée de discussion du projet de loi, le Premier Consul avait averti que le dispositif législatif serait apprécié à l’aune de l’intérêt de la France. Reflétant le sentiment général, le tribun Carion-Nisas définissait le patriotisme comme « ce sentiment, même exagéré, de supériorité que cette révolution nous a inspiré ». Consuls, conseillers d’État et tribuns, favorables ou hostiles au projet gouvernemental, communiaient dans un même patriotisme. La France était dépeinte comme un « sol fortuné », le « jardin du globe, palais des sciences et des arts », une terre bénie sur laquelle avaient pris corps les principes de 1789 en droit comme en fait. Dès lors était célébrée la gloire de porter la « décoration du titre de Français ». Conçue comme une extraordinaire singularité, la qualité de Français, qu’elle fût un bienfait de la nature pour le Français d’origine ou une faveur de la loi pour le « Français naturalisé », faisait d’un homme un citoyen libre.Affirmer cette supériorité était une chose, s’accorder sur le rapport à l’étranger une autre. Sur ce point, les législateurs de 1801 se divisaient. Le sentiment patriotique des « hommes positifs », acquis au gouvernement consulaire, différait de celui de leurs adversaires, proches des Idéologues. Guerre et paix étaient les clés de ce clivage. Tandis que pour les uns, la paix et le commerce constituaient l’état naturel du monde, pour les autres, il se caractérisait par une farouche compétition entre les nations. Se plaçant sous les auspices des progrès de la civilisation, les tribuns de l’opposition se portaient héritiers du cosmopolitisme des Lumières, mais un cosmopolitisme réinterprété d’après les nouvelles doctrines forgées par les premiers économistes libéraux. D’après eux, l’amour de la patrie était subordonné à l’amour de l’Humanité comme l’intérêt national l’était au commerce d’économie. En revanche, le sentiment patriotique des hommes du pouvoir s’avouait comme une réinvention d’un amour de la patrie inspiré de la cité antique et comme une réaction à une « philanthropie excessive ». Il était vu comme un « ressort irrésistible » destiné à mobiliser toutes les énergies pour promouvoir la puissance économique et militaire de la république française.De même la représentation du « Français naturalisé » ouvrait la voie à une conception volontariste de la nation définie comme une communauté d’adhésion, de même cette exploitation de la dynamique patriotique au bénéfice de la chose publique dessinait les linéaments d’un prochain nationalisme d’État.Abrégé : In addition to adhering to the ideals of 1789 in their love of their native land, the patriots of the Revolution also were also convinced of their superiority. The French nation was thought of, and saw itself, as the “Grande Nation”. In their preparatory work on the Code civil, the legislators of 1801 expressed their patriotism in such a way that it can be viewed as a sort of avatar of universal nationalism. When the Tribune Carrion-Nisas called patriotism “that sentiment, even when excessive, of superiority which the Revolution has inspired in us”, he was reflecting a general sentiment. For everyone without exception (Consuls, Conseillers d’État and Tribunes), France was painted as “a happy land”, the “garden of the globe, palace of the sciences and arts”, a blessed country in which the principles of 1789 had materialised both in law and in fact. Thereafter, people would celebrate the glory of wearing the “medal of being French”.However, whilst the affirmation of this superiority was one thing, agreement on its expression in relation to foreigners was another. On this point, the legislators of 1801 were divided, with the patriotic sentiment of the “hommes positifs”, supporters of the consular government, on one side, and that of their opponents, close to the Idéologues, on the other. War and peace were the keys to this distinction. Whilst for one side, peace and commerce constituted the natural state of nature, for the other, normality was constituted by a fierce competition between the nations. The article here considers this standoff, with the Tribunes, heirs to the cosmopolitanism of the Enlightenment but reinterpreted according the new doctrines coined by the first liberal economists up against the men in power, with their patriotic sentiment characterised by a love of native land inspired by the antique city and by a reaction against “excessive philanthropy”.
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RésuméLe patriotisme de la Révolution s’était caractérisé, outre par une adhésion aux idéaux de 1789 à travers l’amour de la terre natale, par un sentiment de supériorité. La nation française s’était regardée et avait été regardée comme la « Grande Nation ». Il n’en avait pas moins procédé de la philanthropie des Lumières et avait promu un messianisme libérateur des peuples. Dans les travaux préparatoires du Code civil, le patriotisme des législateurs de 1801 apparaît comme un avatar de ce nationalisme universaliste. Dès la première journée de discussion du projet de loi, le Premier Consul avait averti que le dispositif législatif serait apprécié à l’aune de l’intérêt de la France. Reflétant le sentiment général, le tribun Carion-Nisas définissait le patriotisme comme « ce sentiment, même exagéré, de supériorité que cette révolution nous a inspiré ». Consuls, conseillers d’État et tribuns, favorables ou hostiles au projet gouvernemental, communiaient dans un même patriotisme. La France était dépeinte comme un « sol fortuné », le « jardin du globe, palais des sciences et des arts », une terre bénie sur laquelle avaient pris corps les principes de 1789 en droit comme en fait. Dès lors était célébrée la gloire de porter la « décoration du titre de Français ». Conçue comme une extraordinaire singularité, la qualité de Français, qu’elle fût un bienfait de la nature pour le Français d’origine ou une faveur de la loi pour le « Français naturalisé », faisait d’un homme un citoyen libre.Affirmer cette supériorité était une chose, s’accorder sur le rapport à l’étranger une autre. Sur ce point, les législateurs de 1801 se divisaient. Le sentiment patriotique des « hommes positifs », acquis au gouvernement consulaire, différait de celui de leurs adversaires, proches des Idéologues. Guerre et paix étaient les clés de ce clivage. Tandis que pour les uns, la paix et le commerce constituaient l’état naturel du monde, pour les autres, il se caractérisait par une farouche compétition entre les nations. Se plaçant sous les auspices des progrès de la civilisation, les tribuns de l’opposition se portaient héritiers du cosmopolitisme des Lumières, mais un cosmopolitisme réinterprété d’après les nouvelles doctrines forgées par les premiers économistes libéraux. D’après eux, l’amour de la patrie était subordonné à l’amour de l’Humanité comme l’intérêt national l’était au commerce d’économie. En revanche, le sentiment patriotique des hommes du pouvoir s’avouait comme une réinvention d’un amour de la patrie inspiré de la cité antique et comme une réaction à une « philanthropie excessive ». Il était vu comme un « ressort irrésistible » destiné à mobiliser toutes les énergies pour promouvoir la puissance économique et militaire de la république française.De même la représentation du « Français naturalisé » ouvrait la voie à une conception volontariste de la nation définie comme une communauté d’adhésion, de même cette exploitation de la dynamique patriotique au bénéfice de la chose publique dessinait les linéaments d’un prochain nationalisme d’État.

In addition to adhering to the ideals of 1789 in their love of their native land, the patriots of the Revolution also were also convinced of their superiority. The French nation was thought of, and saw itself, as the “Grande Nation”. In their preparatory work on the Code civil, the legislators of 1801 expressed their patriotism in such a way that it can be viewed as a sort of avatar of universal nationalism. When the Tribune Carrion-Nisas called patriotism “that sentiment, even when excessive, of superiority which the Revolution has inspired in us”, he was reflecting a general sentiment. For everyone without exception (Consuls, Conseillers d’État and Tribunes), France was painted as “a happy land”, the “garden of the globe, palace of the sciences and arts”, a blessed country in which the principles of 1789 had materialised both in law and in fact. Thereafter, people would celebrate the glory of wearing the “medal of being French”.However, whilst the affirmation of this superiority was one thing, agreement on its expression in relation to foreigners was another. On this point, the legislators of 1801 were divided, with the patriotic sentiment of the “hommes positifs”, supporters of the consular government, on one side, and that of their opponents, close to the Idéologues, on the other. War and peace were the keys to this distinction. Whilst for one side, peace and commerce constituted the natural state of nature, for the other, normality was constituted by a fierce competition between the nations. The article here considers this standoff, with the Tribunes, heirs to the cosmopolitanism of the Enlightenment but reinterpreted according the new doctrines coined by the first liberal economists up against the men in power, with their patriotic sentiment characterised by a love of native land inspired by the antique city and by a reaction against “excessive philanthropy”.

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