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La citoyenneté française en Guadeloupe de l’entre-deux-guerres à la départementalisation : du leurre au mirage ?

Par : Type de matériel : TexteTexteLangue : français Détails de publication : 2019. Sujet(s) : Ressources en ligne : Abrégé : Loin d’une définition univoque, il semble bien que la langue française ait pris des libertés avec le terme de « citoyenneté » en Guadeloupe, de l’entre-deux-guerres aux années 1970. En effet, si son emploi est redondant dans les discours pour mettre en évidence la générosité d’une France qui octroie la citoyenneté aux Guadeloupéens après l’abolition de l’esclavage, la réalité, sur place, est plutôt celle de leur exploitation par l’industrie sucrière. La primauté donnée par l’État aux intérêts économiques ampute forcément la citoyenneté des droits sociaux qui lui sont inhérents ailleurs. Cette situation est accentuée par le régime de Vichy, et à peine atténuée après le ralliement à Alger en juillet 1943. Attendue comme une rupture, la loi du 19 mars 1946, dite de départementalisation, n’installe toujours pas une citoyenneté entière et le nouveau département reste celui de l’exception. Les intérêts économiques de l’industrie sucrière constituent encore une limite à l’égalité totale avec les citoyens des autres départements. Cette citoyenneté tronquée, dénoncée par Aimé Césaire, ne disparaît pas avec la fermeture des usines sucrières. Elle entame alors fortement la confiance en l’État qui, de son côté, ne perçoit pas la frustration légitime des habitants du département mais interprète toute revendication comme une volonté d’indépendance.Abrégé : The word citizenship has many meanings in French. From WWI until the 1970s, its contents in Guadeloupe hugely differed from any others. Though official speeches never failed to celebrate the 1848 gift of citizenship, Guadelupian citizens remained submitted to the harshly exploitative regime of sugar production. During WWII, their condition even deteriorated under the Vichy Regime and it was barely alleviated after 1943, when the Gaullist authorities took hold of the colony. In 1946, the law of departmentalization raised many hopes for change but actually preserved the Guadelupian exception of a truncated citizenship. Despite Aimé Cesaire’s protest, social rights attached to citizenship were still restricted by local economic interests, and the closure of sugar factories did not bring forward the much expected equality. As a result, public trust in the State was undermined and any form of social contest was discarded as an illegitimate plea for secession.
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Loin d’une définition univoque, il semble bien que la langue française ait pris des libertés avec le terme de « citoyenneté » en Guadeloupe, de l’entre-deux-guerres aux années 1970. En effet, si son emploi est redondant dans les discours pour mettre en évidence la générosité d’une France qui octroie la citoyenneté aux Guadeloupéens après l’abolition de l’esclavage, la réalité, sur place, est plutôt celle de leur exploitation par l’industrie sucrière. La primauté donnée par l’État aux intérêts économiques ampute forcément la citoyenneté des droits sociaux qui lui sont inhérents ailleurs. Cette situation est accentuée par le régime de Vichy, et à peine atténuée après le ralliement à Alger en juillet 1943. Attendue comme une rupture, la loi du 19 mars 1946, dite de départementalisation, n’installe toujours pas une citoyenneté entière et le nouveau département reste celui de l’exception. Les intérêts économiques de l’industrie sucrière constituent encore une limite à l’égalité totale avec les citoyens des autres départements. Cette citoyenneté tronquée, dénoncée par Aimé Césaire, ne disparaît pas avec la fermeture des usines sucrières. Elle entame alors fortement la confiance en l’État qui, de son côté, ne perçoit pas la frustration légitime des habitants du département mais interprète toute revendication comme une volonté d’indépendance.

The word citizenship has many meanings in French. From WWI until the 1970s, its contents in Guadeloupe hugely differed from any others. Though official speeches never failed to celebrate the 1848 gift of citizenship, Guadelupian citizens remained submitted to the harshly exploitative regime of sugar production. During WWII, their condition even deteriorated under the Vichy Regime and it was barely alleviated after 1943, when the Gaullist authorities took hold of the colony. In 1946, the law of departmentalization raised many hopes for change but actually preserved the Guadelupian exception of a truncated citizenship. Despite Aimé Cesaire’s protest, social rights attached to citizenship were still restricted by local economic interests, and the closure of sugar factories did not bring forward the much expected equality. As a result, public trust in the State was undermined and any form of social contest was discarded as an illegitimate plea for secession.

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