Memory, Slavery and Muslim Citizenship in the post-Emancipation circum-Saharan World
Type de matériel :
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Le Maroc et la Mauritanie comportent des sociétés post-émancipation où des luttes sont en cours sur les significations attribuées à la liberté et à la citoyenneté après l’esclavage. Comme dans d’autres régions limitrophes du Sahara, l’identité sociale et la situation économique des anciens esclaves et de leurs descendants sont sujets à contestation. Des idées raciales formulées dans ces contextes locaux sont courantes pour marquer les personnes ayant un passé d’esclaves et pour renforcer les formes de discrimination qui maintiennent la plupart des descendants d’esclaves dans des positions socialement inférieures. À travers des exemples puisés dans les entretiens mis à sa disposition par la professeure McDougall et son équipe de recherche, Bruce Hall repère les multiples façons dont l’esclavage est invoqué comme élément explicatif principal de la situation socio-économique des ḥarāṭīn au Maroc et en Mauritanie. Il souligne ainsi les différentes stratégies de lutte de ces derniers pour se soustraire aux préjudices d’une idéologie raciale persistante. Dans son analyse, Hall attribue un rôle central à l’islam dans toute discussion de la situation des ḥarāṭīn dans ces sociétés. Il propose ainsi une notion de « citoyenneté » étroitement associée à cette religion et à ses concepts éthiques. De ce fait, il soutient que les ḥarāṭīn en Mauritanie et au Maroc utilisent différentes stratégies de lutte pour se faire reconnaître d’abord une « citoyenneté musulmane », perçue comme condition nécessaire à un achèvement d’égalité et à une véritable intégration socio-économique. Cette recherche montre à l’évidence que, pour les ḥarāṭīn, le moyen d’atteindre de plus hauts niveaux d’égalité ne consiste pas à se tourner vers un discours de droits humains universels, qui aura une résonance limitée dans les sociétés de la Mauritanie et du Maroc, mais à s’engager avec les traditions juridiques et morales organiques de l’islam dans ces lieux.
Morocco and Mauritania are post-emancipation societies where there are on-going struggles over the meanings attributed to freedom and citizenship after slavery. As in other parts of the circum-Saharan world, the social identity and economic position of former slaves and their descendants are subjects of contestation. Local constructions of race have been used in these societies to identify people with slave pasts and to buttress forms of discrimination that keep most descendants of slaves in socially inferior positions. Former slaves and their descendants have responded to racialized discourse directed at them by engaging actively in struggles to redefine their place as citizens of the post-colonial states in which they live. It is the particularity of these struggles in the context of a wider post-emancipatory framework that accounts for the diversity of experiences among the descendants of slaves that this essay addresses using the interviews carried out by Ann McDougall and her team. In his analysis, Bruce Hall focuses on the role of islam in many of the discussions about the place of the ḥarāṭīn in these societies. The achievement of what he calls ‘Muslim citizenship’ has often been an elusive goal for the descendants of slaves in the circum-Saharan world. But for the ḥarāṭīn, it seems clear from this material that the means of achieving greater levels of equality lies not with turning to a discourse of universal human rights which will have limited resonance in the wider societies of Mauritania and Morocco, but in engaging with the organic legal and moral traditions of islam in these places.
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