Violence et sublimation : essai sur le cinéma de Paul Schrader à partir de la pensée d’Eugène Enriquez
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One of the main thrusts of Eugène Enriquez’s thought, at least as developed in his masterpiece De la horde à l’État (Enriquez, 1983), lies in bringing to light the psychosocial wellspring of drives that he calls — in reference to Freud — “the horde.” This essay bridges together Eugène Enriquez’s anthropology of civilization and Paul Schrader’s cinema of drives. While the American director’s last three films (First Reformed (2017), The Card Counter (2021) and Master Gardener (2023) serve as kind of seismograph or “analyzer” of contemporary Western social pathologies, above all his cinema invites the viewer to embark on a genuine exercise of contemplation, embodying in a sensitive form this “ethics of finitude” called for by Enriquez, and in no way neglecting the drives lying at the very cores of culture and civilization.
L’un des axes majeurs de la pensée d’Eugène Enriquez, du moins tel que développé dans son maître-ouvrage De la horde à l’État (1983), se situe dans la mise au jour de ce fonds pulsionnel psychosocial qu’il nomme, par référence à Freud, la « horde » : vestige pulsionnel archaïque qui, loin d’avoir été conjuré ou définitivement refoulé, continue de hanter la vie de la civilisation. Cet essai, en forme de rencontre, vise à rapprocher l’anthropologie civilisationnelle d’Eugène Enriquez du cinéma pulsionnel de Paul Schrader. Si les trois derniers films du réalisateur américain – First Reformed (2017), The Card Counter (2021) et Master Gardener (2023) – déploient une sorte de sismographe ou d’« analyseur » des pathologies sociales occidentales contemporaines, son cinéma invite avant tout le spectateur à un véritable exercice de contemplation, incarnant sous une forme sensible cette « éthique de la finitude » appelée par Enriquez et n’omettant en rien les fondements pulsionnels de la culture et de la civilisation.
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