Le Belize, une société pluriculturelle sans politiques multiculturelles ?
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Le Belize, ancienne colonie britannique en Amérique centrale, est généralement décrit en termes de diversité culturelle et de multiplicité des groupes ethniques qui le composent, par les observateurs comme par les administrateurs et gouvernants. Pourtant, depuis son indépendance récente (1981), le gouvernement bélizien n’a pas mis en place de politiques multiculturelles qui accorderaient un traitement différentiel à des individus en raison de leur appartenance ethnique ou raciale, comme on le constate dans les Amériques depuis les années 1980-90. Partant de ce constat, cet article se construit autour d’un double questionnement portant sur les modalités de la mise en place d’un projet national : comment le gouvernement bélizien a-t-il géré l’héritage du « divide and rule » colonial qui visait à segmenter la population ? Comment s’est-il adapté au « tournant multiculturel » des années 1980-90 et ses logiques de reconnaissance de la diversité ? Fondée sur deux champs d’application – les politiques culturelles et les politiques agraires-, l’analyse tend à montrer que la prise en compte de l’altérité par les politiques publiques s’inscrit dans la tradition coloniale britannique tout en intégrant les aspirations nées de la longue marche vers l’indépendance, et qu’elle suscite des formes spécifiques de gestion de la différence, au sens de politiques fondées sur des redistributions différentielles en fonction des appartenances collectives.
Belice, a pluricultural society without multicultural policiesThe former British colony in Central America, Belize, is usually described by observers as well as administrators and rulers in terms of cultural diversity and multiplicity of ethnic groups which compose it. However, since recent independence (1981), the Government of Belize has not implemented multicultural policies that would grant differential treatment to individuals because of their ethnicity or racial background, as is generally the case across the Americas since the 1980s. From this observation, this article is built around a double questioning on the modalities for the implementation of a national project : how has the Government of Belize managed the legacy of the “divide and rule” colonial policy aimed at segmenting the population ? How has it adapted to the “multicultural turn” of the 1980s and its logic of recognition of diversity ? Based on two fields of application – cultural policies and agrarian policies –, analysis tends to show that taking account of otherness though public policy is part of the British colonial tradition while integrating the aspirations born of the long march towards independence. It also creates specific forms of management of difference, in the sense of differential redistribution on the basis of collective memberships.
Belice, ex colonia británica en América Central, se describe generalmente tanto por los observadores que por sus administradores y gobernantes, en referencia a su diversidad cultural y a la multiplicidad de grupos étnicos que lo componen. Sin embargo, desde su independencia reciente (1981), no se han elaborado políticas multiculturales que otorguen un trato diferencial a los individuos debido a sus identificaciones étnicas o raciales, tal como sucede en el resto de las Américas desde los años 1980-90. Partiendo de esta observación, el artículo se estructura alrededor de un doble cuestionamiento acerca de las modalidades de elaboración del proyecto nacional : ¿Cómo asumió el gobierno de Belice la herencia de la política colonial británica del “divide and rule” ? ¿Cómo se adaptó al “giro multicultural” de los años 1980-90 y sus lógicas de reconocimiento de la diversidad ? Basado en la observación en dos ámbitos de políticas públicas – las políticas culturales y las políticas agrarias –, el análisis tiende a mostrar que la gestión de la alteridad se inscribe en la tradición colonial británica a la vez que integra las aspiraciones nacidas de la larga marcha hacia la independencia, y que suscita formas específicas de gestión de la diferencia, en el sentido de políticas basadas en la redistribución diferencial de recursos sobre la base de pertenencias colectivas.
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