Le spectre impérial au début de la IIIe République : entre fantasmes et réalités
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RésuméSimple fantasme ou réel danger, la réminiscence du Second Empire ordonne une pratique instrumentale du pouvoir (candidature officielle, plébiscite, coup d’État, contrôle des corps administratifs, mise au pas du suffrage universel) qui fonde la légitimité de l’action gouvernementale dans les années 1870, particulièrement après l’échec de la restauration monarchique en 1873. Les bonapartistes tournent autour du jeune berceau républicain comme des vautours prêts à se partager le jeune cadavre qu’ils auront tué à coup de plébiscite et de violence brutale. Ainsi, les rumeurs de coup d’État ont, au-delà de leurs effets psychologiques et politiques dévastateurs, servis d’arme politique redoutable à une frange plus large de la droite conservatrice que les simples tenants du camp impérialiste. Cet instrument, pur produit d’un fantasme collectif, permet de gouverner même en temps de crise aiguë. Si on peut définitivement rejeter l’idée que le Seize-Mai a été un coup d’État manqué, il n’en demeure pas moins une période où la réminiscence impériale et son corollaire violent et brutal, le coup d’État ont largement été utilisés comme ferments d’une majorité gouvernementale hétéroclite. Le bras de fer entre le président du Conseil et son ministre de l’Intérieur pendant la crise révèle certainement le paroxysme auquel est parvenue l’utilisation abusive de pratiques que tous condamnaient. Le spectre impérial comme exutoire a fini par créer les conditions solides et durables du régime républicain.
Mere fantasy or real danger, the Second Empire’s reminiscence orders an instrumental practice of political power (official application, plebiscite, coup, administrative control, subjection of the universal suffrage) which legitimize Governmental action in the 1870’s, particularly after the failure of the monarchic restoration in 1873. The Bonapartists turn around the young republican cradle, like vultures ready to share the young corpse they have killed with plebiscite and brutal violence. The rumours of a coup, beyond their devastating psychological and political effects, are used as a frightening political weapon to a wider fringe of the conservative Right than the simple upholders of the imperialist camp. This instrument, product of a collective fantasy, allows governing even in times of acute crisis. If we can definitely dismiss the idea that the Seize Mai was a missed coup, it was nevertheless a time when the imperial reminiscence and its violent and rough corollary, the coup, were widely used as the ferments of a heterogeneous governmental majority. The arm wrestling between the President and his home Secretary during the crisis certainly reveals the paroxysm which reached the excessive use of practices which was widely condemned. The imperial spectre as a release eventually created the solid and long-lasting conditions of the republican system.
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