L’intersubjectivité : le point de vue des neurosciences et de la psychologie cognitive
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Cet article se propose d’apporter l’éclairage des sciences cognitives et de la psychologie cognitive sur la question de l’intersubjectivité. La découverte des neurones miroirs chez le singe macaque dans les années 1990 constitue un événement majeur ouvrant de nouvelles perspectives de recherche sur l’intersubjectivité et la cognition sociale chez l’être humain. Les travaux se sont ainsi efforcés d’identifier l’existence de tels systèmes miroirs chez l’être humain et de préciser leur rôle et leur fonctionnement. En prenant appui sur de nombreux résultats exploitant les techniques de neuroimagerie, plusieurs modèles ont été proposés notamment celui de la « simulation incarnée » développé par Gallese dans les années 2000. La simulation incarnée, sous-tendue par les neurones miroirs, est décrite comme relevant d’un ensemble de mécanismes implicites et automatiques de résonance par réactivation des systèmes neuronaux d’un individu à partir de ce qu’il perçoit chez un autre individu. Ce système jouerait un rôle majeur dans la compréhension des actions et des émotions d’autrui et serait également impliqué dans la compréhension du langage. Par ailleurs son fonctionnement serait dépendant de variables individuelles et situationnelles. Cet aspect est illustré ici par deux exemples, l’un pris dans le domaine de la compréhension des émotions et l’autre, celui de la compréhension des textes.
Intersubjectivity from a cognitive neuroscience approachThis paper provides an overview of some recent proposals arising from the cognitive neuroscience approach to intersubjectivity and related concepts. The discovery of mirror neurons in macaque monkeys some twenty years ago yielded a rich body of research opening new ways of thinking about intersubjectivity and social cognition in human beings. Once similar mirroring mechanisms had been identified in humans, the issue was to determine their role and functioning. Empirical evidence accumulated through the use of different experimental methodologies and neuroimaging techniques has furnished diverse unified accounts, in particular the “embodied simulation” model proposed by Gallese in the early 2000s. Within this framework, simulation and the mirror neuron system underpinning it are described as an automatic and pre-reflective mechanism of our brain-body system, that enables us to reuse our mental states or processes represented with a bodily format. Simulation would thus provide a direct means of understanding the actions and emotions of others, and would also play a crucial role in language comprehension. Simulation is modulated by contextual and individual factors, as two examples illustrate: the first concerns emotion recognition and the second text comprehension.
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