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Des « ouvriers en costume-cravate » ?

Par : Contributeur(s) : Type de matériel : TexteTexteLangue : français Détails de publication : 2019. Sujet(s) : Ressources en ligne : Abrégé : À partir d’une enquête de terrain conduite auprès d’un groupe de travailleurs frontaliers résidant dans un canton rural de l’Est de la France, cet article explore les représentations du monde social et l’ancrage politique à droite d’une fraction atypique des classes populaires – des travailleurs subalternes argentés. Dans une première partie, il s’agit de saisir les spécificités de la migration frontalière (une « migration sur place ») et de documenter une forme originale de mobilité sociale : des trajectoires d’enrichissement sans « embourgeoisement », une mobilité économique à l’état brut qui ne s’accompagne ni d’une conversion de la richesse en capital culturel ni d’une acculturation aux styles de vie des classes supérieures. Puis, en décrivant les relations qu’entretiennent ces migrants de classe économique avec les élites locales diplômées, nous montrons comment le travail frontalier contribue à produire un ordre social à front renversé dans lequel le revenu destitue le diplôme comme fondement des légitimités. Enfin, le cas de ces salariés – souvent subalternes, mais stables professionnellement et assurés de revenus conséquents – permet d’interroger les limites d’une lecture symptomatologique de la « droitisation des classes populaires ». En effet, irréductible à une crise de la reproduction – du monde ouvrier ou de l’entre-soi rural –, l’ancrage à droite se donne plutôt comme le produit de la reproduction sociale réussie de salariés industriels dont la promotion économique se nourrit à la fois d’une fidélité au groupe d’origine et d’une démonstration des mérites individuels au travail.Abrégé : This article is based on field work about a group of workers residing in a rural county of Northeast France and employed across the nearby border with Switzerland. It aims to understand their representations of the social order and the reasons why these wealthy subordinate workers traditionally and massively vote for right-wing parties. First, we present some empirical elements to depict this “on site” migration in order to study the phenomenon it produces: an economic mobility unaccompanied by any significant change of social behavior. Indeed, this raw economic mobility does not lead these workers to invest in human capital, nor to adapt their way of life to the habits of the upper classes. Secondly, we examine the relationships between this group of wealthy workers and educated local elites in greater detail. These relationships exhibit a reversal of the traditional order, where income substitutes for diplomas as a source of legitimation. Finally, we focus on the workers’ position—professionally stable with secure and substantial incomes—to question the hypothesis that their political preferences are symptomatic of a conversion of the working classes to right-wing platforms. Far from being explained by a crisis of the traditional working-class social framework—through lower revenues, social downgrading, the splitting-up of social relationships, and the weakening of collective organizations—their adherence to right-wing political values seems rather to be the outcome of a successful social reproduction.
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À partir d’une enquête de terrain conduite auprès d’un groupe de travailleurs frontaliers résidant dans un canton rural de l’Est de la France, cet article explore les représentations du monde social et l’ancrage politique à droite d’une fraction atypique des classes populaires – des travailleurs subalternes argentés. Dans une première partie, il s’agit de saisir les spécificités de la migration frontalière (une « migration sur place ») et de documenter une forme originale de mobilité sociale : des trajectoires d’enrichissement sans « embourgeoisement », une mobilité économique à l’état brut qui ne s’accompagne ni d’une conversion de la richesse en capital culturel ni d’une acculturation aux styles de vie des classes supérieures. Puis, en décrivant les relations qu’entretiennent ces migrants de classe économique avec les élites locales diplômées, nous montrons comment le travail frontalier contribue à produire un ordre social à front renversé dans lequel le revenu destitue le diplôme comme fondement des légitimités. Enfin, le cas de ces salariés – souvent subalternes, mais stables professionnellement et assurés de revenus conséquents – permet d’interroger les limites d’une lecture symptomatologique de la « droitisation des classes populaires ». En effet, irréductible à une crise de la reproduction – du monde ouvrier ou de l’entre-soi rural –, l’ancrage à droite se donne plutôt comme le produit de la reproduction sociale réussie de salariés industriels dont la promotion économique se nourrit à la fois d’une fidélité au groupe d’origine et d’une démonstration des mérites individuels au travail.

This article is based on field work about a group of workers residing in a rural county of Northeast France and employed across the nearby border with Switzerland. It aims to understand their representations of the social order and the reasons why these wealthy subordinate workers traditionally and massively vote for right-wing parties. First, we present some empirical elements to depict this “on site” migration in order to study the phenomenon it produces: an economic mobility unaccompanied by any significant change of social behavior. Indeed, this raw economic mobility does not lead these workers to invest in human capital, nor to adapt their way of life to the habits of the upper classes. Secondly, we examine the relationships between this group of wealthy workers and educated local elites in greater detail. These relationships exhibit a reversal of the traditional order, where income substitutes for diplomas as a source of legitimation. Finally, we focus on the workers’ position—professionally stable with secure and substantial incomes—to question the hypothesis that their political preferences are symptomatic of a conversion of the working classes to right-wing platforms. Far from being explained by a crisis of the traditional working-class social framework—through lower revenues, social downgrading, the splitting-up of social relationships, and the weakening of collective organizations—their adherence to right-wing political values seems rather to be the outcome of a successful social reproduction.

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