Le suicide chez les agriculteurs : causalité et intentionnalité
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The vast majority of studies of suicidal risk factors suggest, or sometimes assert, equivalence between correlations considered ‘significant’ and real causalities. The results of these studies are often contradictory (the risk factors presented as main are in turn sociological, psychological, organizational, genetic, etc.), and incomparable in their detail (the choice and definition of variables, as well as their categorization, are different), while claiming an objective approach and attesting to empirical validation. Drawing on a corpus of scientific articles on suicidal risk, particularly among farmers and livestock breeders, we propose to examine the general patterns of selection used in the choice and construction of variables, and the limits of strictly causalist approaches concomitant with risk factor analysis. After presenting forms of determinism likely to give a better account of the suicidal process, we propose to reconsider intention, at the heart of its definition, and the need to take into account non-causalist determinisms that can be articulated with causalist models, rather than opposing them, by supporting the need for reflection on the ‘reason for causes’.
La grande majorité des études des facteurs de risque suicidaire suggère ou parfois affirme l’équivalence entre des corrélations considérées comme « significatives » et des causalités réelles. Les résultats de ces études sont souvent contradictoires (les facteurs de risque présentés comme principaux sont tour à tour sociologiques, psychologiques, organisationnels, génétiques, etc.), et incomparables dans leur détail (le choix et la définition des variables, ainsi que leurs catégorisations sont différentes), tout en se prévalant d’une démarche objective et attestant d’une validation empirique. En nous appuyant sur un corpus d’articles scientifiques portant sur le risque suicidaire, en particulier chez les agriculteurs et éleveurs, nous proposons d’examiner les profils généraux des modes de sélection opérés sur le choix et la construction des variables, et les limites des approches strictement causalistes concomitantes à la démarche analytique des facteurs de risque. Après la présentation de formes de déterminisme susceptibles de mieux rendre compte du processus suicidaire, nous proposons de reconsidérer l’intention, au centre de sa définition, et la nécessaire prise en compte de déterminismes non causalistes qu’il est possible d’articuler aux modèles causalistes, plutôt que de les opposer à ceux-ci, en soutenant la nécessité d’une réflexion sur la « raison des causes ».
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