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L’article voudrait montrer qu’il n’est pas possible de s’interroger sur le vécu du bébé pendant les premières semaines de vie en observant seulement son comportement. Les données des sciences cognitives bayésiennes et la phénoménologie nous offre une perspective bien plus pertinente sur le vécu du nourrisson pendant cette période. Cette double approche permet de se représenter le vécu perceptif du nouveau-né comme probablement foisonnant et risquant d’être magmatique. Il est alors possible de s’interroger sur ce qui permet la sortie progressive de ce magma perceptif. L’autre apparaît de ce fait organisateur-de-soi-et-du-monde avant d’être régulateur de soi (pour reprendre une expression de Stern, 1989). Nous montrerons enfin que si l’autre est organisateur-de-soi-et-du-monde, cela a des conséquences sur la façon dont on peut considérer le chemin de l’enfant pour distinguer les émotions les unes des autres et pour différencier ses émotions par rapport à celles d’autrui. La perception du bébé n’est peut-être pas sans rappeler certaines caractéristiques de la perception des sujets avec autisme – ce que Pellicano et Burr (2012) ont appelé des hypo-priors. Même si bien sûr, du fait du holding, quand les parents et les enfants vont suffisamment bien, il ne saurait être question d’une phase autistique normale (Mahler, 1967).

This article will attempt to show that it is not possible to question the infant’s experience during the first weeks of life by observing his or her behavior only. Data from Bayesian cognitive science and phenomenology offer us a much more relevant perspective on the infant’s experience during this period. This double approach allows us to imagine the perceptive experience of the newborn as probably abundant and likely to be magmatic. It is then possible to wonder about what enables the progressive emergence of this perceptive magma. The other appears in this way as an organizer of oneself and of the world before being a regulator of oneself (to use an expression of Stern, 1989). Finally, we will show that if the other is the organizer of oneself and of the world, this has consequences on the way in which we can consider the child’s path to distinguish emotions from one another and to differentiate his or her emotions from those of others. The infant’s perception is perhaps not unlike some features of the perception of subjects with autism–what Pellicano and Burr (2012) have called hypo-priors. Although of course, because of holding, when parents and children are well enough, there can be no question of a normal autistic phase (Mahler, 1967).