Liberté de procréation et manipulation génétique. Pour une critique d'Habermas
Type de matériel :
39
Résumé Cet article prend position contre l’idée, récemment élaborée par J. Habermas, d’un droit à un héritage génétique non modifié. Deux thèses semblent particulièrement problématiques. La première est qu’il y aurait une compréhension universelle de la nature humaine, qui soutiendrait le caractère intouchable du génome. Incompatibles avec une vision moderne, les fondements jadis trouvés dans la nature humaine sont aujourd’hui plus susceptibles d’être saisis dans un équilibre d’une pluralité des valeurs : l’autonomie reproductive, l’intérêt de l’enfant, la justice sociale. La deuxième thèse difficile à défendre concerne la légitimité de l’éventuelle plainte de l’adolescent qui, ayant subi une amélioration génétique, éprouve, de ce seul fait, un sentiment de ne pas être « l’auteur sans partage de sa propre vie ». Toutes choses égales par ailleurs, cette plainte n’est pas valide, à moins que le domaine génétique ne jouisse d’un statut privilégié.
The paper challenges the validity of a right to an unaltered genome, which could ground an absolute interdiction of genetic engineering. More specifically, two theses, recently elaborated by Habermas, are rejected. The first one is that there is a universal understanding of human nature, granting the untouchable character of the human genome. Incompatible with a liberal approach, foundations hitherto provided by human nature are now likely to be disclosed by a fine balance between a plurality of values : reproductive autonomy, interests of the future child, social justice. The second thesis to be rejected is that a teenager, whose genome has been enhanced, has a valid claim against her parents because she feels she’s not “the full author of her life”. Such a claim is not legitimate, all things being equal, unless the genetic domain is granted an arbitrarely priviledged status.
Réseaux sociaux