Conditions d’accès et production de connaissances organisationnelles
Type de matériel :
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Le propos de cet article est de s’interroger sur la manière dont les conditions d’accès aux organisations conditionnent très largement les connaissances que le sociologue est à même de produire sur leur fonctionnement quotidien. Centrales sont ici les questions du rapport que le sociologue est à même de construire avec les acteurs de l’organisation dont il cherche à mieux comprendre les modalités d’action. Pour ce faire, dans cet article je reviens sur des éléments qui concernent plusieurs tranches de terrain réalisé au sein de l’Organisation Mondiale de la Santé, principalement mais pas exclusivement dans le cadre d’une enquête plus vaste portant sur l’organisation des dispositifs de réponse aux épidémies en Suisse, au Japon et aux États-Unis. À la faveur d’une lecture renouvelée des carnets d’enquête et des entretiens retranscrits, il apparaît qu’un certain nombre de faits, de prises de position et de confidences recueillies auprès d’informateurs privilégiés ont été souvent mis de côté, minorés voire édulcorés. Troublée par cette découverte, j’ai cherché à comprendre les mécanismes et les modalités de cette marginalisation de certains phénomènes, les effets sur le matériau recueilli et ainsi interroger les conséquences pour les connaissances produites.Pour expliquer ce phénomène de mise à distance de certains matériaux d’enquête, on explorera, dans un premier temps, comment les biais classiques du sociologue des organisations ont pu jouer un rôle. Puis, pour essayer d’éclairer cette tendance on reviendra dans une deuxième partie sur les modalités concrètes d’accès à ce terrain. Cela permettra de replacer les efforts entrepris dans un contexte précis. Enfin, on s’interrogera sur la possibilité même de mener une enquête sociologique dans une organisation qui n’est que marginalement intéressée à la production de connaissances sur son fonctionnement.
This article seeks to inquire into the way in which a sociologist’s conditions for accessing organizations may in turn largely condition the knowledge the sociologist may produce regarding their day-to-day operations. Key to this is the relationship the sociologist is able to build with the stakeholders in the organization the modus operandi of which he or she is seeking to better understand. In order to do so, in this article, I revisit issues pertaining to various segments of field work carried out within the WHO, primarily but not solely, within the framework of a broader survey on Response-to-Epidemic mechanisms in Switzerland, Japan and the U.S. In re-reading the survey logbooks and interview transcripts, what surfaces is that some facts, positions taken, things said in confidence, collected from privileged sources, were often put aside, downplayed or even sugar-coated.
El fin de este artículo es cuestionar de qué manera las condiciones de acceso a las organizaciones condiciona en gran medida los conocimientos que puede producir el sociólogo respecto del funcionamiento cotidiano de tales organizaciones. El tema central en este caso consiste en la relación que el sociólogo puede forjar con los participantes en la organización cuyas modalidades de acción pretende comprender mejor. Para ello, en este artículo, vuelvo a considerar elementos concernientes a varios tramos del trabajo sobre el terreno realizado en el seno de la OMS. Primordial pero no exclusivamente en el marco de una encuesta mas amplia sobre la organización de dispositivos de respuesta a epidemias en Suiza, el Japon y los Estados Unidos. Al re-leer los informes de la encuesta y la transcripción de las entrevistas, resulta que unos cuantos hechos, posiciones y confidencias, recogidas de fuentes privilegiadas, a menudo se dejaron de lado, se infravaloraron o incluso se edulcoraron.
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