Ordre et proximité. Gendarmes et société dans le département du Nord au milieu du xixe siècle
Type de matériel :
71
Encore mal connue des historiens, la gendarmerie apparaît parfois comme une milice locale, parfois comme un corps de prétoriens. Dans le département du Nord, les gendarmes du Second Empire, issus des classes populaires du monde rural, ressemblent beaucoup aux populations surveillées. Même s’ils ne proviennent que rarement du canton où ils sont en service, beaucoup parviennent à s’y enraciner. Bien sûr, l’impopularité de l’uniforme complique leur intégration, surtout lorsque les missions politiques se développent. Mais c’est surtout leur esprit de corps exacerbé qui les isole de la société. Pour autant, les gendarmes ne cherchent pas tant à se couper des populations qu’à les dominer. L’identité militaire, étatique et nationale du corps sert d’abord un désir de notabilité. Ordre et proximité se conjuguent autant qu’ils s’opposent.
Still ill-known by historians, the constabulary assumes sometimes features of a local militia and sometimes those of a praetorian troop. In the Nord department, Second Empire constables, originating from the popular classes of the rural world, look very much alike the populations they watch. Even though they very seldom come from the district where they serve, many eventually establish themselves there. Of course, the impopularity of the uniform makes their integration more difficult, particularly when political missions increase. But it is above all their exacerbated esprit de corps which isolates them from society. Yet, the constables don’t seek as much to cut themselves from the local populations as to dominate them. The military, State-run and national identity of this troop serves first and foremost a desire of notability. Order and proximity are both intertwined and antinomic.
Réseaux sociaux