Freud juge de Sigmund. Le narcissisme entre amour-propre et amour de soi
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La clef de voûte de la théorie freudienne du social est un individu asocial : le chef. Seul à conserver son narcissisme primaire, cet improbable surhomme répond en réalité à une exigence purement logique. Pour bâtir son système, Freud est amené à suivre le même parcours qui conduit Rousseau de l’état de nature au contrat social. Le narcissisme envieux des membres de la foule correspond à ce que Rousseau nomme l’amour-propre ; l’isolement paisible que chacun retrouve en canalisant sa libido narcissique sur le moi du chef, c’est l’amour de soi. Quant à la figure du chef, elle devrait incarner, comme la volonté générale, l’extériorité du social par rapport à lui-même, son autotranscendance. Si Freud dote le chef d’une transcendance véritable, c’est qu’il ne voit pas que l’amour absolu du chef pour lui-même est une illusion qui repose sur l’amour que lui voue la foule.
Freud Judge of Sigmund : Narcissism and the two forms of self-love in Rousseau The keystone of Freud’s social theory is an asocial individual : the leader. Alone in retaining his primary narcissism, this improbable superman is in reality the product of a purely logical imperative. To build his system, Freud must follow the same path that led Rousseau from the state of nature to the social contract. The envious narcissism of the members of the group corresponds to the form of self-love that Rousseau called amour-propre ; the peaceable isolation that each achieves by channelling his narcissistic libido onto the leader’s ego is Rousseau’s amour de soi. As to the leader himself, he ought to embody – after the fashion of the general will – society’s exteriority with respect to itself, its self-transcendence. But Freud endows the leader with real transcendence, not seeing that the leader’s absolute love for himself is an illusion which rests upon the group’s love for him.
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