Donner le care
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L’identification entre le care et les femmes est si profondément ancrée dans notre imaginaire qu’elle s’impose à la conscience, malgré les transformations radicales qui ont investi le sujet féminin au cours des dernières décennies : le care est ce que donnent les femmes. Cette affirmation peut être acceptée à deux conditions : la première est que le care soit réhabilitée en la dénuant des aspects oblatifs et d’abnégation qui ont toujours été associés au féminin. À ce propos, en s’inspirant à la réflexion de Gilligan et des théoriciennes du care qui proposent la valorisation de la différence féminine, on pourrait dire que la réhabilitation du care implique de penser un sujet en relation, qui permette de dépasser la dichotomie entre la priorité du Moi et la priorité d’autrui, puisqu’il conjugue (comme le don) autonomie et dépendance, liberté et vulnérabilité. La deuxième condition est de soustraire le care à la dimension limitée du privé pour l’étendre au sujet masculin, à l’espace public et aussi à la dimension globale ; ce qui implique de s’interroger sur les motivations et les sources émotives qui président au care (la passion pour autrui). Sur cette base, on peut supposer que les femmes seront capables de transformer leur condition traditionnelle d’ assujetties au care (et au don) en agissant activement et volontairement en tant que sujets de care (et de don).
Giving care The identification of care with women comes from deep within our imaginary and imposes itself on our consciences. No matter how radical the changes have been for women in the past decades : care is the gift of women. This affirmation can be made acceptable on two conditions : First, that care be stripped of its abnegation connotations which have come to be associated with the feminine. On this account, we can inspire ourselves of Gilligan and other theoreticians of care who propose that we value the feminine difference and argue that rehabilitating care implies we think of a subject in relation. This would allow that we transcend the dichotomy between the priority given to either the self or the other, since care involves (as does the gift) both autonomy and dependency, liberty and vulnerability. The second condition is that we substract the care from the limits of the private and extend it to the masculine subject, to the public space, and beyond, to take into account its global dimensions. This implies that we interrogate the motivations and the emotional sources of care (the passion for others). It is from this renewed basis that we can suppose that women will be able to transform their traditional condition of being subjected to care (and to give) by acting willingly and voluntarily as subjects of care (and of gift).
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