« Provinces belgiques », « provinces belgico-françaises » : des référents politiques toujours présents en 1789
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RésuméSous l’Ancien Régime, l’expression de « provinces belgiques » pour désigner les provinces septentrionales du royaume de France est peu usitée dans les textes émanant de la monarchie administrative française. En revanche, la mention de Pays-Bas pour identifier ces provinces, sans être commune, n’a aucun caractère de rareté. Les années 1787, 1788 et 1789 s’accompagnent de la reviviscence d’un provincialisme du reste entretenu par toute une tradition historiographique. À la fin d’octobre et au début de novembre 1789, plusieurs députés de l’Artois, de la Flandre, du Cambrésis et du Hainaut émaillent leurs interventions d’une floraison de références aux « provinces belgiques » ou « belges » ou « belgico-françaises ». La discussion sur la nationalisation des biens du clergé fut propice à ce type de discours prononcé « au nom de toutes les provinces belgiques ». Le 2 novembre, le comte de La Marck, prince d’Arenberg, député du bailliage du Quesnoy synthétisa notamment l’argumentaire des défenseurs des biens de l’Église dans un discours d’une haute tenue. La départementalisation eut toutefois un résultat inverse de ce que le discours provincialiste pouvait tendre à obtenir : la réunion des provinces « françaises-belgiques » dans un même ensemble. Ne s’agissait-il pas de casser les vieux moules institutionnels, afin d’« effacer, selon les expressions de Barère, tout souvenir d’histoire, tous les préjugés résultant de la communauté des intérêts ou des origines » ?
« Provinces belgiques », « provinces belgico-françaises » : Political References Still Present in 1789Under the Ancient Regime, the phrase « provinces belgiques » to call the northern provinces of the French Kingdom is but rarely to be found in the documents issued by the French administrative monarchy. On the opposite, the mention of Lower Countries to identify these provinces, without being common, is in no way unusual. The years 1787, 1788 and 1789 feature the coming back to life of a provincialism also supported by a whole historiographical tradition. At the end of October and at the beginning of November 1789, several representatives of Artois, Flanders, Cambrésis and Hainault stud their speeches with a wealth of references to the « provinces belgiques » or « Belgian » or « belgico-françaises ». The debate on the nationalisation of the clergy’s possessions was favourable to this type speeches delivered « in the name of all the provinces belgiques ». On 2 November, for example, Count La Marck, Prince of Arenberg, representative for the Quesnoy bailliage summed up the arguments of the defenders of Church’s possessions in a speech characterized by its high standard. Departmentalization resulted though in achieving exactly the opposite of what this provincialist rhetoric could aim at reaching : the reunion of the « françaises-belgiques » provinces into a unique framework. Wasn’t the matter that of breaking the old institutional moulds, in order to « wipe out », in Barère’s words, « any memory of history, all the prejudices created by a community of interests or origins ? »
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