Reconsidering Benedictine manuscript production in the thirteenth century : The case of Stavelot-Malmedy
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La production de manuscrits par les moines bénédictins au xiiie siècle dans les Pays-Bas méridionaux a été peu étudiée jusqu’à présent. Cet article traite cette question complexe à partir du cas de l’abbaye de Stavelot-Malmédy. Il s’agit d’un monastère qui possédait déjà une bibliothèque fournie au xiie siècle, mais dont on ne dispose pas de catalogue aux xiiie et xive siècle. Il semble que la production a fortement baissé au cours du xiiie siècle car moins de dix manuscrits ont été conservés. L’examen détaillé de ces manuscrits permet d’acquérir une certaine compréhension de la gestion de la bibliothèque de Stavelot-Malmédy au xiiie siècle et des priorités intellectuelles et spirituelles de cette communauté monastique.Les manuscrits conservés reflètent non seulement les usages intellectuels et spirituels de leurs utilisateurs, ils ont aussi contribué à les façonner et à les orienter. Ils montrent que la communauté n’est pas conservatrice, qu’elle ne s’en tient pas à de vieilles habitudes ni qu’elle s’accroche à une stratégie monolithique pour tenter de surmonter les difficultés qu’elle rencontre. On observe au contraire trois stratégies bien distinctes. Tout d’abord, les moines sont devenus beaucoup plus prudents dans la manière d’envisager leurs relations avec leur saint patron, saint Remacle. Deuxièmement, ils semblent avoir produit moins de manuscrits. Enfin, ils ont prêté une attention notable à de nouveaux textes, de nouvelles idées, de nouveaux saints et de nouveaux genres littéraires. Ils n’ont certes pas utilisé leurs meilleures pièces de parchemin ou fait appel à leurs scribes les plus expérimentés pour copier des textes moins traditionnels. Ils ont privilégié le contenu par rapport à la présentation. Il se peut donc que les difficultés institutionnelles du xiiie siècle aient poussé les moines de Stavelot-Malmédy à se lancer dans une exploration intellectuelle et spirituelle qui contrastait fortement avec le traditionalisme qu’ils avaient embrassé en des temps plus prospères.
The book production of thirteenth-century Benedictines in the Southern Low Countries has thus far remained understudied. This article investigates this complex issue through the case study of Stavelot-Malmedy during the long thirteenth century. Stavelot-Malmedy is an example of a monastery that, although it possessed a well-stocked library in the twelfth century, ostensibly lacks a thirteenth- or fourteenth-century catalogue and seemingly experienced a sharp drop in book production during the thirteenth century : less than ten codices have been preserved from the 149 years under consideration. This contribution examines these extant manuscripts in order to gain some understanding of the trends in library management in thirteenth-century Stavelot and relate them to the intellectual and spiritual priorities of this monastic community.The preserved manuscripts both mirrored and shaped the intellectual and spiritual perspective of its users. They show that the community did not conservatively stick to its old ways, or cling to a monolithic strategy to try and overcome the difficulties it faced. Instead, they adopted three distinct strategies. First of all, they became far more cautious and calculating in their dealings with Remaclus, their patron saint. Secondly, they seem to have produced fewer manuscripts. Last but not least, they turned their attention to new texts, thoughts, saints and genres ; though they did not use their best parchment or their best scribes when they copied less traditional texts, placing a higher value on the contents of these texts than on their presentation. It may be that the institutional difficulties of the thirteenth century caused the monks of Stavelot-Malmedy to embark on an intellectual and spiritual exploration that stood in sharp contrast to the traditionalism that they had embraced in more prosperous times.
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