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Sur la base d’enquêtes sociologiques et d’entretiens réalisés auprès de responsables d’organisations nationales et religieuses, l’auteur s’intéresse à la situation de l’islam dans l’oblast de Samara, ancienne terre de migrations confrontée à l’arrivée de migrants venus d’Asie centrale et du Caucase qui contribuent au dynamisme économique d’une région plus urbanisée que la moyenne russe. Pas plus que la position de l’umma de Samara entre les deux pôles concurrents d’Oufa et de Kazan, la présence de ces « nouveaux musulmans » n’a perturbé l’équilibre institutionnel établi après 1991 autour de la Direction spirituelle régionale (RDUM-SO). Après un bref rappel historique, l’auteur interroge cet état de fait en montrant comment la personnalisation du pouvoir du mufti et le renforcement des liens avec l’umma de Russie ont maintenu une certaine unité communautaire. Dans la ville de Samara, l’affirmation ostentatoire de la foi musulmane participe d’un sentiment de renouveau identitaire marqué par la collusion des référents ethniques et confessionnels. Des combinaisons en résultent qui varient en fonction des contraintes imposées par la politique religieuse menée par les gouvernements fédéral et régional et de la capacité d’adaptation des communautés musulmanes au nouveau contexte de liberté religieuse. La situation et l’évolution des pratiquants et des institutions musulmanes sont analysées à partir d’enquêtes de terrain en suivant les problématiques localement pertinentes pour dessiner la singularité confessionnelle de l’oblast de Samara.

The new approach taken herein proposes a geography of religious practices that uses the relations between religion and territory as a guideline. The recent history and situation of Islam in the region are described through the variety of the “landscapes of belief” detected during interviews and observations in the field. The territorial basis of the rivalries that led to the breakup of CDUMES following liberalization during the 1990s is discussed before switching focus to several towns and villages in the south and west of the region. This approach to Islam via the territory allows for crossing several factors: the stances adopted by local authorities (at the level of the city, district and republic); co-optation and personal initiatives; the flexible relation to the authority of the muhtasib; the preponderance of networks of sociability based on the question of funding. This point of view allows for detecting the different relations to religion in a common territory marked by modes of identity (Ishanism) and fundamentalist tendencies for refusing traditional norms.