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Commémorer et diviser en Europe

Par : Type de matériel : TexteTexteLangue : français Détails de publication : 2014. Sujet(s) : Ressources en ligne : Abrégé : Cet article se propose d’explorer les usages des ressources et normes européennes en matière de gouvernement de l’histoire en prenant pour site d’observation les controverses mémorielles sur la Shoah ayant opposé la Bulgarie (Etat membre de l’UE depuis 2007) à la Macédoine (pays candidat) à l’occasion du 70ème anniversaire des événements de mars 1943 (la déportation des Juifs de Macédoine, la non-déportation des Juifs bulgares). L’examen de cette controverse suggère en premier lieu que l’échelle européenne, loin de constituer une scène autonome, se dessine au croisement entre une variété d’acteurs internationaux (dont l’OSCE, les Nations unies, des réseaux privés d’entrepreneurs de mémoire, etc.) et d’espaces (en l’occurrence, les Etats-Unis et Israël). Il conduit en un second temps à relativiser l’hypothèse selon laquelle, dans les nouveaux Etats membres, la dénonciation des crimes du communisme aurait entretenu avec l’institutionnalisation de la mémoire de la Shoah des relations de concurrence, certains entrepreneurs de mémoire bulgares ayant conjointement investi ces deux enjeux. Enfin, l’étude du contentieux bulgaro-macédonien donne à voir une situation dans laquelle l’investissement du passé par les institutions européennes a paradoxalement conforté la revendication, par les acteurs publics bulgares, d’une légitimité à dire la vérité de l’histoire au moment où le champ historien cherchait à s’émanciper d’un rôle ancillaire au service de la nation.Abrégé : How do governments use EU legal standards and resources to deal with historical issues? This question is addressed by focusing on the controversy that sets at odds Bulgaria (an EU member state since 2007) and Macedonia (which has applied for EU membership) over the 70th anniversary of the events of March 1943, when Jews were deported from Macedonia but not from Bulgaria. In this controversy, the EU dimension, far from being autonomous, involves a variety of international stakeholders, including the Organization for Security and Cooperation in Europe, the United Nations, private networks of “entrepreneurs of memory”, the United States and Israel. Qualifications are placed on the hypothesis whereby, in new member states, the denunciation of the crimes of Communism competes with the institutionalization of commemorations of the Shoah, since some Bulgarian “entrepreneurs of memory” have stakes in both. The Bulgarian/Macedonia controversy surrounding the commemoration of the Shoah presents a situation wherein the appropriation of the past by EU institutions has paradoxically reinforced the claims by Bulgarian public officials to legitimacy, to telling the historical truth, even as historians are trying to emancipate their discipline from its ancillary role at the nation-state’s service.
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Cet article se propose d’explorer les usages des ressources et normes européennes en matière de gouvernement de l’histoire en prenant pour site d’observation les controverses mémorielles sur la Shoah ayant opposé la Bulgarie (Etat membre de l’UE depuis 2007) à la Macédoine (pays candidat) à l’occasion du 70ème anniversaire des événements de mars 1943 (la déportation des Juifs de Macédoine, la non-déportation des Juifs bulgares). L’examen de cette controverse suggère en premier lieu que l’échelle européenne, loin de constituer une scène autonome, se dessine au croisement entre une variété d’acteurs internationaux (dont l’OSCE, les Nations unies, des réseaux privés d’entrepreneurs de mémoire, etc.) et d’espaces (en l’occurrence, les Etats-Unis et Israël). Il conduit en un second temps à relativiser l’hypothèse selon laquelle, dans les nouveaux Etats membres, la dénonciation des crimes du communisme aurait entretenu avec l’institutionnalisation de la mémoire de la Shoah des relations de concurrence, certains entrepreneurs de mémoire bulgares ayant conjointement investi ces deux enjeux. Enfin, l’étude du contentieux bulgaro-macédonien donne à voir une situation dans laquelle l’investissement du passé par les institutions européennes a paradoxalement conforté la revendication, par les acteurs publics bulgares, d’une légitimité à dire la vérité de l’histoire au moment où le champ historien cherchait à s’émanciper d’un rôle ancillaire au service de la nation.

How do governments use EU legal standards and resources to deal with historical issues? This question is addressed by focusing on the controversy that sets at odds Bulgaria (an EU member state since 2007) and Macedonia (which has applied for EU membership) over the 70th anniversary of the events of March 1943, when Jews were deported from Macedonia but not from Bulgaria. In this controversy, the EU dimension, far from being autonomous, involves a variety of international stakeholders, including the Organization for Security and Cooperation in Europe, the United Nations, private networks of “entrepreneurs of memory”, the United States and Israel. Qualifications are placed on the hypothesis whereby, in new member states, the denunciation of the crimes of Communism competes with the institutionalization of commemorations of the Shoah, since some Bulgarian “entrepreneurs of memory” have stakes in both. The Bulgarian/Macedonia controversy surrounding the commemoration of the Shoah presents a situation wherein the appropriation of the past by EU institutions has paradoxically reinforced the claims by Bulgarian public officials to legitimacy, to telling the historical truth, even as historians are trying to emancipate their discipline from its ancillary role at the nation-state’s service.

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