Briser le mythe de la « jungle qui tue » : analyse du rôle des intermédiaires dans la traversée du Darién (frontière Colombie-Panama)
Type de matériel :
86
Un « enfer vert » ; une « jungle qui tue » : la sémantique des discours politiques et médiatiques responsabilise et criminalise la jungle du Darién en la rendant actrice de la migration. Toutefois, cela ne reste qu’un environnement, hostile certes, mais ne pouvant porter la responsabilité de la mort de milliers de migrants qui la traversent quotidiennement pour rejoindre les États-Unis. Cet article interroge cet espace mythifié au-delà de sa topographie et de ses représentations en analysant les rôles des intermédiaires dans la traversée de la jungle à des échelles locales, nationales et internationales. Ces pratiques parfois criminalisées sont recouvertes de représentations qui occultent la diversité des intermédiaires tout en délaissant les capacités agentives des migrants dans leur propre traversée. Ainsi, en s’appuyant sur l’ethnographie de trois points stratégiques sur la route et une approche géographique, cet article a pour ambition de complexifier la figure réductrice de la dynamique migratoire comme partagée entre un gouvernement répressif d’un côté, et des passeurs « méchants » de l’autre.
A “green hell”; a “jungle that kills”: The semantics of political and media discourse holds the Darien jungle accountable and criminalizes it as a central actor in migration. However, even if the environment is certainly hostile, it is incapable of bearing the responsibility for the deaths of thousands of migrants who traverse it daily to reach the United States. This article questions this mythologized space of the Darien beyond its topography and representations by analyzing the roles of intermediaries in the jungle crossing at local, national, and international levels. These sometimes criminalized practices are covered with representations that obscure the diversity of intermediaries while neglecting the agency of migrants in their own journeys. Thus, drawing on ethnography of three strategic points on the route and a geographical approach, this article aims to complexify the reductionist images of the migratory dynamics shared between a repressive government on one side and “evil” traffickers on the other.
Un «infierno verde»; una «selva asesina»: la semántica de los discursos políticos y mediáticos responsabiliza y criminaliza la jungla de Darién al convertirla en protagonista de la migración. Sin embargo, esto no es más que un entorno, ciertamente hostil, pero que no puede cargar con la responsabilidad de la muerte de miles de migrantes que la atraviesan a diario para llegar a los Estados Unidos. Este artículo cuestiona este espacio mitificado más allá de su topografía y sus representaciones, analizando los roles de los intermediarios en el cruce de la selva a nivel local, nacional e internacional. Estas prácticas, a veces criminalizadas, están cubiertas de representaciones que ocultan la diversidad de los intermediarios, al tiempo que descuidan las capacidades agentivas de los migrantes en su propia travesía. Así, basándose en la etnografía de tres puntos estratégicos en la ruta y un enfoque geográfico, este artículo tiene como objetivo complejizar la figura reduccionista de la dinámica migratoria compartida entre un gobierno represivo de un lado y traficantes «malvados» del otro.
Réseaux sociaux