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Cet article propose d’étudier la rencontre entre un objet cinématographique ( Bande de filles, de Céline Sciamma) et un groupe de journalistes spécialisés englobés sous le nom de « critiques de cinéma ». En revenant sur la manière dont ces critiques ont reçu et traité ce film, qui met en scène « des garçons et des filles noirs » résidant en banlieue parisienne, on y questionnera davantage que les conditions professionnelles du jugement critique. On recherchera plutôt, dans l’analyse croisée des écrits et des positions journalistiques, les ressorts professionnels, sociologiques et idéologiques d’une « bonne » réception critique. Pour cela, on fera l’hypothèse que, dans la réception de Bande de filles, la « race » a eu un rôle à jouer. Autant les modes de désignation des personnages, le cadrage de l’intrigue que les polarisations critiques nous renseignent sur la place de ce rapport social dans l’élaboration du consensus critique.

This article examines the encounter between a cinematographic object ( Bande de filles, by Céline Sciamma) and a group of specialized journalists, usually termed “film critics”. Studying the way in which these critics received and treated this film—which features “black boys and girls” living in working-class Parisian suburbs—it is more than an exploration of the professional conditions of critical judgment. In a cross-analysis of journalists’ positions and writings, the author explores the professional, sociological, and ideological drivers of a “good” critical reception, and posits that “race” played a part in the way Bande de filles was received. The framing of the plot and the casting, as well as the oppositions between critiques, all inform us about the place that race relations can hold in the development of a critical consensus.