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Cet article examine la façon dont les moyens de paiement viennent équiper le lien marchand dans le contexte des commerces de proximité de petite taille. Il se base sur des entretiens avec des commerçants, sur des observations des interactions de vente, et sur la constitution d’un corpus de photographies répertoriant les gestes de paiement. Autour des moyens de paiement et de leurs supports matériels, nous observons un réseau de contraintes, des cadres sociotechniques, et de normes, parfois surprenantes, qui orientent différemment l’échange. D’une part, notre étude suggère que la pluralité des moyens de paiement sort la question du paiement de la clôture de la transaction, pour irriguer l’ensemble de l’échange, en amont et en aval. D’autre part, les moyens de paiement renouvellent la question du rapport de force dans le lien marchand. Le consommateur impose, de manière générale, sa vision du paiement (la carte majoritairement) alors même que tout règlement liquide devait être accepté d’un point de vue légal, plaçant le commerçant entre domination et consentement. Les transactions du quotidien, fortement instrumentées, deviennent dès lors des petites entités marchandes, très ritualisées, mais surtout cadrées par le recours au droit, apportant (le plus souvent) de la dureté et des arguments pour forcer tel ou tel moyen de paiement.

This article examines the ways in which means of payment equip the commercial link in the context of small local shops. It is based on interviews with shopkeepers, on observations of sales interactions, and on the constitution of a corpus of photographs recording payment gestures. Around means of payment and their material devices we find a network of constraints, sociotechnical frameworks, and norms, which are sometimes surprising and orientate the exchange in different ways. Our study suggests that the plurality of the means of payment takes the question of payment out of the confines of the transaction itself, to inform the entire exchange, both upstream and downstream. On the other hand, the means of payment also renews the question of the balance of power in the commercial link. Consumers generally impose their vision of payment (usually a card), even though from a legal point of view all cash payments should be accepted, which places the merchant in a position between domination and consent. Everyday transactions, which are heavily instrumented, become small, highly ritualized market entities. Above all, they are framed by recourse to the law, which more often than not provides strict requirements and arguments for demanding a particular means of payment.