La protection sociale en Corée du sud : évolutions récentes et perspectives
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RésuméLa Corée du sud, comme beaucoup de pays asiatiques, a longtemps sacrifié le volet social de son développement perçu comme un frein à la croissance et la compétitivité économiques. La Corée a ainsi développé un système de protection sociale fonctionnant sur la base de dispositifs obligatoires restreints et d’une forte sollicitation de la famille et, à un degré moindre, des entreprises qui ont le plus profité des fruits de la croissance. Ce qui caractérise en outre ce système est qu’il s’est essentiellement bâti en marge des salariés, qui ont très peu été associés à son élaboration et encore moins à sa gestion. Deux événements récents, l’admission du pays dans l’OCDE en 1996, puis la grave crise économique et financière qui l’a secoué en 1997, ont contraint la Corée à s’aligner sur les standards des pays développés tant en ce qui concerne les droits sociaux que la protection sociale. Le système de Sécurité sociale sud-coréen combine donc aujourd’hui des dispositifs de type assurantiel (maladie, retraite, chômage, accidents du travail) et des dispositifs de type assistanciel (minima sociaux, services sociaux). Cet article présente plus particulièrement l’évolution et les principales caractéristiques des trois principaux volets des assurances sociales : l’assurance maladie, l’assurance retraite et l’assurance chômage, qui ont été tous trois profondément remaniés au cours des trois dernières années. Ces développements, de même que la nouvelle loi sur les minima sociaux, marquent la volonté du gouvernement coréen de s’orienter vers un système de Workfare à l’américaine. À terme, le financement et la gestion du système de protection sociale coréen restent cependant problématiques : le premier passe par une inévitable augmentation des dépenses publiques qui impliquera des choix politiques délicats, la seconde implique très probablement la mise en place d’une forme de paritarisme qui est étranger à la culture coréenne.
South Korea, like many other Asian countries, for a long time sacrificed the welfare aspects of its economic development, which were seen as a brake on both economic growth and competitiveness. Korea thus developed a welfare protection system based on restricted obligatory arrangements, and on big demands on families, and to a lesser degree on those companies which had benefited most from economic growth. What also characterised this system was that it was primarily built up without reference to employees, who were very little associated with its development, and even less so with its management. Two recent events – the country’s admission to the OECD in 1996, and then the serious economic and financial crisis which shook it in 1997 – forced Korea to align itself on the standards of the developed countries with regard to both welfare rights and welfare protection. The South Korean social security system today thus combines cover of the insurance type (health, retirement, unemployment, industrial accidents), with cover of the aid type (welfare minima, welfare services). This article more particularly describes the trends in, and principal characteristics of, the three main facets of welfare payments : health insurance, retirement pension insurance, and unemployment insurance, all three of which having been profoundly altered in the three last years. These developments, as well as the new law on welfare minima, show the will of the Korean government to move towards a “workfare” system in the American style. With time however, the financing and management of Korean welfare protection will remain problematic : the first key factor will be an inevitable increase in public expenditure, implying sensitive political choices ; while the second most probably implies the set-up of some form of parity/sharing which is alien to Korean culture.
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