L'arrêt Perruche et nos contradictions face à la situation des personnes handicapées
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RésuméMettant fin à sept ans de procédures contradictoires, l’arrêt du 17 novembre 2000 de la Cour de cassation (arrêt Perruche) déclencha une polémique publique qui s’acheva par le vote de la loi « anti-Perruche » en janvier 2002. Au nom des mêmes principes d’égale dignité des personnes et de respect des handicapés, la plus haute juridiction de l’ordre judiciaire et la représentation nationale parvinrent à des résultats parfaitement contradictoires. Pour comprendre ce paradoxe, il est d’abord nécessaire de retracer les faits, trop souvent occultés par les commentaires et les critiques. Ensuite, je développerai les deux questions essentielles du débat : le handicap de Nicolas Perruche constitue-t-il un préjudice indemnisable ? La décision de justice porte-t-elle atteinte à la dignité des handicapés ? En dernier lieu, j’argumenterai que l’arrêt Perruche a été rejeté parce qu’il est resté incompréhensible pour l’opinion et qu’il paraissait favoriser à la fois le renoncement à la solidarité vis-à-vis des handicapés et un traitement « eugénique » du problème du handicap. Je suggère pour finir que la loi ne nous a pas fait sortir d’une situation marquée par les insuffisances notoires de la solidarité nationale dans ce domaine. Insuffisances qui, précisément, avaient amené les parents de Nicolas Perruche devant les tribunaux.
The ‘Perruche decree’ and contradictions regarding the situation of handicapped peoplePutting an end to seven years of contradictory procedures, the decree of November 17, 2000, from the Supreme court of appeal (the ‘Perruche decree’) opened up a public polemic which was only ended by voting in the « anti-Perruche » law in January 2002. In the name of the same principles of equal dignity for persons and respect for handicapped people, the highest jurisdiction in the legal system and the national representation arrived at fully contradictory results. To understand such paradox it is above all necessary to recall the facts which are too often obscured by commentaries and criticisms. The two essential questions of the debate are then developed : does the handicap of Nicolas Perruche constitute a prejudice entitled to compensation ? Does the decision of the court prejudice the dignity of handicapped people ? Finally, it is argued that the Perruche decree was rejected because it remained incomprehensible to public opinion ; and that it appeared to support both the refusal of any solidarity with handicapped people, and some « eugenic » treatment for the problem of handicapped persons. In conclusion it is suggested that the law did not clear up a situation marked by a notorious lack of national solidarity in this field, and it was precisely this lack which brought the parents of Nicolas Perruche before the courts.
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