38

Cet article analyse les transformations de l’institution familiale en Espagne du franquisme à aujourd’hui en étudiant trois éléments révélateurs du processus de désinstitutionalisation : la vie de couple et le mariage, la parenté, la relation entre féminité et maternité. L’analyse s’appuie sur deux enquêtes qualitatives (l’une composée de quatre-vingts entretiens menés auprès d’Espagnoles nées dans les années 1930 et 1950, l’autre constituée de soixante-dix entretiens et de seize groupes de discussion) ainsi que sur des statistiques produites par des organismes publics. Grâce à l’étude de ces matériaux, nous pouvons conclure que, si la famille nucléaire est toujours majoritaire en Espagne, elle cesse d’être l’unique modèle envisageable. Les individus jouissent aujourd’hui d’une marge de manœuvre plus grande afin de définir le type de famille dans lequel ils souhaitent vivre et ne font plus l’objet d’une implacable stigmatisation sociale lorsqu’ils s’éloignent du modèle dominant.