Le rôle et la place de la « théologie spirituelle » dans l’enseignement de la théologie et la recherche universitaire
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La définition de la théologie spirituelle comme « l’étude théologique des parcours spirituels concrets » convient bien au moraliste, dans la mesure où il détermine un corpus spécifique qui témoigne que l’action est évaluée selon les exigences de la sequela Christi, plutôt que sous l’angle du discernement moral qui vise à promouvoir le bien, l’humanisation ou la justice. Cette définition n’empêche pas pour autant, à l’instar de Régamey, de continuer le dialogue avec les éthiques de la charité qui a permis de surmonter de part et d’autre la dissociation héritée de la période moderne. Paolo Carlotti relève que cette perspective rapproche les deux disciplines au point de faire disparaître la référence à la théologie spirituelle dans les textes conciliaires, comme en témoigne Optatam totius n° 16.Certes, dans un contexte pluraliste, un nouveau « dualisme » peut s’instaurer entre une éthique autonome qui confine la charité dans le champ de la motivation, et une théologie spirituelle qui analyse des parcours biographiques construits sur des pratiques de la charité. Mais cette distinction ne tient pas au regard de l’ensemble des orientations contemporaines en théologie morale, soit qu’elles se réfèrent au Christ comme « norme concrète » de l’action, soit que la revalorisation de l’éthique des vertus amène à prendre en compte la contribution des pratiques à l’humanisation et la sanctification des sujets. L’attention au corpus maintient néanmoins la spécificité des deux disciplines, évitant ainsi d’occulter ou de paralyser le débat éthique en se référant immédiatement à un engagement existentiel ou identitaire non négociable
The definition of spiritual theology as the “theological study of concrete spiritual paths” is quite well tailored to the moral philosopher who delineates a precise corpus that sees that an act is valued according to the demands of the sequela Christi, rather than by moral discernment whose aim is to promote good, humanization or justice. Such a definition does not preclude pursuing the dialogue with charity ethics, as Regamey does, thus helping both parties to bridge the gap created by modern times. Paolo Carlotti notes that this approach brings the two positions closer, to the point of obliterating all references to spiritual theology in council texts : as can be seen in Optatam totius n° 16.In a pluralist context, a new “dualism” can indeed emerge between autonomous ethics that restricts charity to the field of motivation, and spiritual theology that analyzes life narratives built on charitable practices. But this distinction does not make sense considering all of moral theology’s inflections today, whether they refer to Christ as “a concrete norm” for action, or whether the renewed emphasis on virtue ethics ushers in a fresh interest in the contribution of practices to the humanization and sanctification of subjects. Focusing on the corpus, however, preserves the specificity of both approaches, and avoids eclipsing or paralyzing the ethical debate with an immediate reference to non negotiable life or identity commitments.
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