Prendre l’humour au sérieux ? Éléments pour une éthique du rire
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À quelles conditions l’humour, considéré ici comme un pharmakon au sens platonicien, peut-il être un remède aux pathologies du corps social, et non un poison qui les aggrave ? De l’humour coercitif des émissions de divertissement à l’humour philosophique, on pénétrera ici dans ces territoires moraux et équivoques de l’humour, où Bergson disait ne pas vouloir s’aventurer. C’est en considérant le contexte et les différentes composantes de la situation d’énonciation humoristique que l’on peut esquisser les lignes d’une éthique de l’humour qui fasse de celui-ci, non pas une arme de discrimination massive, mais au contraire une pratique inclusive et participative, autrement dit dialectique. En dernier ressort, l’humour jette sur l’humanité de l’homme un regard à la fois empathique et antipathique, profondément instable, d’où la nécessité d’en définir une posologie subtile qui ne tombe pas dans le piège abscons d’un humour consensuel. Finalement, l’humour révèle ce mentirvrai de l’hypocrisie, mal nécessaire à la cohésion sociale, et dénoue les liens factices de l’ « esprit de sérieux » au sens sartrien.
What conditions could make humor, considered here as a Platonic pharmakon, a remedy for the pathologies of the social body rather than a poison that aggravates them? From the coercive humor of entertainment tv programs to philosophical humor, we will enter these moral and equivocal territories of humor, where Bergson said he did not want to venture. It is by considering the context and the different components of the humorous enunciation situation that one can sketch the lines of an ethic of humor that doesn’t make it a weapon of mass discrimination but, on the contrary, an inclusive and participative practice, a dialectical one. Ultimately, humor allows us to apprehend man’s humanity in a manner both empathetic and antipathetic, deeply unstable. Hence the need to define a subtle posology that does not fall into the obscure trap of a consensual humor. Finally, humor reveals this “mentirvrai”, necessary evil for social cohesion, and unravels the artificial links of the “spirit of seriousness” in the Sartrean sense.
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