26

L’approche libérale égalitaire a récemment défendu une démocratisation de l’entreprise. Cette dernière garantirait une répartition plus équitable des biens premiers et permettrait d’affermir le sens civique des individus. Mais il apparaît que ces arguments reposent sur des hypothèses théoriques non vérifiées. Les auteurs examinent ces propositions au regard des acquis des sciences de gestion, en adoptant une démarche réflexive sensible aux difficultés du dialogue interdisciplinaire qu’elle cherche à établir. Face au constat d’un décalage entre les connaissances disponibles en sciences de gestion et celles requises par les hypothèses rawlsiennes, ils suggèrent des pistes pour le surmonter, tant du côté du libéralisme égalitaire que de celui des sciences gestion. Ils dégagent ainsi les conditions auxquelles une réponse libérale égalitaire empiriquement informée pourra être apportée à la question politique de la démocratisation de l’entreprise.

Liberal egalitarians have recently argued for some form of corporate democracy. This would ensure a fairer distribution of primary goods and strengthen the active and democratic disposition of citizens. However, such arguments rely on unverified theoretical assumptions. We therefore examine these assumptions from the perspective of management science, adopting a reflexive posture that is sensitive to the difficulties that arise from interdisciplinary discussions. We note a gap between the type of knowledge available in management science and that required to address Rawlsian assumptions. We thus propose paths for closing this gap, some of which are relevant for liberal egalitarianism and some for management science. We thus set out the conditions for an empirically informed liberal egalitarian response to the political question of whether firms should be made more democratic.