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En 1947, Marie-Louise Pailleron, fille du célèbre auteur dramatique Édouard Pailleron, écrivit un livre de souvenirs qui revenait sur le portrait que le peintre John Singer Sargent fit d’elle et de son frère, en 1881, lorsqu’ils étaient enfants. Sans être inconnu, ce témoignage n’a jamais fait l’objet d’une étude attentive. Ce document nous apporte un éclairage précieux sur la perception, par l’enfant, de sa condition de modèle en un temps où les attentes sociales surinvestissaient le portrait d’enfant, un genre qui connut son âge d’or au xixe siècle. Il enrichit notre compréhension des liens étroits entre les valeurs éducatives et les idéaux esthétiques, entre l’enfant modèle et le modèle enfant. En outre, par le réseau de sociabilités auquel appartenait la famille du modèle, proche de Jean-Martin Charcot, il soulève la question des rapports entre pose et hypnose. Il appelle enfin le rapprochement avec les fictions que le contemporain et ami de Sargent, Henry James, consacra aux relations entre adultes et enfants.

In 1947, Marie-Louise Pailleron, the daughter of the famous playwright Édouard Pailleron, wrote a memory book which revisited the portrait that the painter John Singer Sargent had done of her and her brother in 1881, when they were children. Although it is not unknown, this testimony has never been studied closely. This document throws valuable light on the child’s perception of his condition as a model at a time when social expectations hypercathected the child portrait, a genre that enjoyed its golden age in the nineteenth century. It enriches our understanding of the close links between educational values and aesthetic ideals, between the model child and the child-model. Furthermore, through the sociability network to which the family of the model belonged, close to Jean-Martin Charcot, it raises the question of the relations between pose and hypnosis. Finally, it also invites comparisons with the novels that the contemporary and friend of Sargent, Henry James, devoted to the relations between adults and children.

En 1947, Marie-Louise Pailleron, hija del célebre autor dramático Édouard Pailleron, escribió un libro de recuerdos que narraba el retrato que el pintor John Singer Sargent hizo de ella y de su hermano, en 1881, cuando eran niños. Este documento nos aporta mucha claridad sobre la percepción, del niño, de su condición de modelo en un tiempo en el que las expectativas sociales sobrecargaban el retrato del niño, género que conoció su edad de oro en el siglo xix. También enriquece la comprensión de los lazos estrechos que existen entre los valores educativos y los ideales estéticos, entre el adulto modelo y el modelo niño. Además, a través de las conexiones sociales a la que pertenecía la familia del modelo, cercana a Jean-Martin Charcot, se evoca el tema de los vínculos entre pose e hipnosis. Por último, se señalan la aproximación con las ficciones que el coetáneo y amigo de Sargent, Henry James, consagró a las relaciones entre adultos y niños. Toute référence à cet article doit être indiquée comme suit  : Pernoud E. (2020). Le papillon et la fumée de cigare. Sur une peinture de John Singer Sargent. Rev Fr Psychanal 84(1) : 87-97