L'archive et la mémoire
Type de matériel :
88
RésuméÀ partir de sondages effectués dans les dossiers individuels de carrière conservés aux Archives nationales, une étude sera tentée concernant la vie et l’activité des magistrats qui servirent dans les juridictions françaises au cours de la guerre d’Algérie, entre 1954 et 1962.Les magistrats recensés, parmi lesquels on ne compte que peu de femmes, sont pour une moitié originaires de la France métropolitaine et pour l’autre natifs d’Algérie.Dans l’ensemble, ils sont bien, voire très bien notés par leurs supérieurs qui louent leurs qualités de juriste et leur sens des relations humaines, leur équité naturelle, la confiance que l’on peut mettre en eux, leur équilibre et aussi, à quelques reprises, ce qui est encore plus notable, leurs facultés d’adaptation au droit musulman. Bien sûr, il y a quelques fausses notes dans ce concert de louanges, certains sont mal notés en raison des désordres de leur vie privée, d’autres sont dits n’avoir que des « connaissances moyennes », certains sont notés comme « paresseux» et l’un d’entre eux est même dit « très peu cérébral » !Cependant les enseignements les plus intéressants concernent l’écho des événements que l’on peut y entendre. On y perçoit bien les difficultés, aussi bien morales que matérielles que rencontrent les uns et les autres, on y mentionne quelquefois « toutes les horreurs de la guerre subversive », on y dit combien aller en Algérie a pu représenter un « sacrifice» pour l’intéressé, susceptible de lui obtenir plus tard une compensation par un retour en France, on y sent un peu partout l’insécurité, on y mentionne la participation de tel ou tel dans le règlement des affaires de terrorisme et dans l’activité de la justice militaire.Toutes ces difficultés qui tiennent évidemment au contexte de l’époque se surajoutent parfois à des conditions personnelles aggravantes, en particulier à un état de santé fragile sinon délabré qui nécessite un retour en France, soit pour l’intéressé lui-même soit pour sa famille. Ce retour en France d’ailleurs, est presque toujours évoqué, et le plus souvent pour le souhaiter. Souvent fatigués par toutes ces années de troubles, les magistrats demandent un poste en France, ce qu’ils souhaitent non seulement à cause de l’insécurité ambiante mais aussi parfois en raison du « désœuvrement » ressenti, s’estimant être « en sommeil », ou bien ne plus pouvoir garantir du fait des circonstances un degré d’indépendance indispensable à l’exercice de leurs fonctions.
Being a magistrate in Algeria during the war, 1954-1962Surveys carried out of personal career files kept in the National Records Office permitted to study the life and activities of magistrates who worked in the French Courts during the war of Algeria, between 1954 and 1962. Half of the magistrates listed, among whom were a very few women, were from France, the other half being from Algeria. Generally, they were very well assessed by their managers. Manager often praise their magistrates’ legal qualities, their interpersonal skills, their natural fairness, the trust which can be put in them, their balance and also, originally, their propensity to occasionally adapt to Muslim legislation. However, in this chorus of praise, a few negative comments can be found. Some magistrates were badly marked because of the mess surrounding their private life, their “average knowledge” or their laziness. One of the magistrates was even described as a “non cerebral person ”.However, the files are very instructive as they provide an interesting account of the events which happened during that time. Moral and material difficulties are evoked. “All the horrors of the subversive war” are sometimes mentioned. One describes how going to Algeria could represent a “sacrifice ”. Insecurity is omnipresent. Some people’s participation in the fight against terrorism and in the activity of military justice is revealed here and there.To these practical difficulties are sometimes added personal aggravating circumstances as ill health necessitating a prompt return to France, either for the interested party or for his family. The desire to return to France is almost always evoked. Mnay magistrates apply for jobs in France tired of years of conflict. This desire to leave Algeria is explained by the magistrates insecurity and their feeling of idleness. Sometimes they feel they are no longer able to guarantee an adequate level of independence essential to the performance of their duties.
Réseaux sociaux