Le roman de l'éditeur : la Julie de Bernard Guyon
Type de matériel :
22
L’édition Pléiade de Julie ou la nouvelle Héloïse s’est présentée à la fois comme somme et sommet : répertoire plus que complet de tout ce qu’ont pu vivre, penser et écrire Rousseau et ses lecteurs modernes par rapport à son roman, nec plus ultra de l’édition critique française. Elle ferait autorité, ajournant, corrigeant et augmentant l’édition Les Grands Écrivains de la France en quatre volumes qu’avait procurée Daniel Mornet en 1925. À l’époque, une édition aussi savante allait décidément contre les habitudes de la Pléiade qui se voulait la bibliothèque de l’honnête homme. L’appareil critique de Julie — « véritable somme, mine inépuisable de renseignements, il s’étale sur près de 500 pages ! » s’exclame Jean-Louis Bellenot — équivaut à « une véritable explication de texte continue ». Nul doute que le sérieux de cette édition n’ait contribué de manière significative à tirer définitivement de l’oubli un roman qui pouvait encore en 1963 être qualifié d’« œuvre aussi riche que peu connue ». Ce nonobstant, le fait est que l’ambition d’exhaustivité même du commentaire de Bernard Guyon fait déjà de sa Julie une sorte de dinosaure, monument d’édition et de critique qui a déjà remarquablement vieilli; et c’est ce phénomène de vétusté qu’il s’agit d’examiner ici.
Réseaux sociaux