Quand l’autre fait échec à la reconnaissance : Axel Honneth relu par Jean Laplanche
Type de matériel :
87
Le paradigme de la reconnaissance, élaboré au long cours par Axel Honneth, constitue une tentative formelle ambitieuse de penser la genèse de la vie subjective, à la fois dans son versant psychique, par la référence à la psychanalyse, et dans la vie historique, les luttes pour la reconnaissance étant comprises comme le moteur du progrès historique. La théorie honnethienne fait pourtant un usage limité de la notion d’altérité, au risque d’aboutir à une appropriation normalisatrice, voire normalisante de la psychanalyse. Face à ce mouvement centripète de la reconnaissance comme subsomption de l’altérité, nous proposons d’introduire, comme contrepoint et ouverture, la théorie de la séduction généralisée de Jean Laplanche, comme une sorte de passage à la limite de la théorie de la reconnaissance. Pris dans un mouvement dialectique de mé-re-connaissance, il apparaît que le paradigme de la reconnaissance repose paradoxalement sur son autre : soit ce qui fait échec à toute reconnaissance.
The paradigm of recognition, developed over a long period by Axel Honneth, is an ambitious formal attempt to think about the genesis of subjective life, both in psychic terms, through the reference to psychoanalysis, and in historical life, with struggles for recognition being understood as the driving force of historical progress. Honethian theory, however, makes limited use of the notion of otherness, at the risk of leading to a normalizing or even standardizing appropriation of psychoanalysis. Faced with this centripetal movement of recognition as a subsumption of otherness, the author introduces, as a counterpoint and opening, Jean Laplanche’s theory of generalized seduction as a kind of passage to the limits of the theory of recognition. Caught up in a dialectical movement of mis-re-cognition, it seems that the paradigm of recognition paradoxically rests on its other, namely, that which defeats all recognition.
El paradigma del reconocimiento, elaboración de largo alcance de Axel Honneth, constituye un intento formal ambicioso de pensar la génesis de la vía subjetiva, al mismo tiempo en su componente psíquico, referenciado con el psicoanálisis, y en la vida histórica, las luchas por el reconocimiento entendidas como el motor del progreso histórico. Sin embargo, la teoría honnethiana hace un uso limitado de la la noción de alteridad, rozando la apropiación normalizadora, incluso normalizante del psicoanálisis. Frente a este movimiento centrípeto del reconocimiento como subsunción de la alteridad, nosotros proponemos introducir, como contrapunto y apertura, la teoría de la seducción generalizada de Jean Laplanche, como intento de superación límite de la teoría del reconocimiento. Inserto en un movimiento dialéctico de des-re-conocimiento, se entiende que el paradigma del reconocimiento reposa paradójicamente en su otro, o sea que impide todo reconocimiento.
Réseaux sociaux