La mélancolie au miroir de l’enfance. Une greffe de la psychanalyse sur la phénoménologie
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La mélancolie est tenue à bon droit pour la forme achevée du désespoir. C’est la fin de toute liberté et par là de tout projet, au sens radical que reçoit ce terme dans la philosophie phénoménologique. On peut cependant se demander, s’il en est ainsi, pourquoi tous les mélancoliques ne se tuent pas. Ne doit-on pas supposer pour cela qu’un avenir reste ouvert, lorsque l’horizon du projet s’est refermé ? Une telle hypothèse conduit à l’idée – paradoxale – d’une espérance mélancolique. Relier la mélancolie à l’enfance est approfondir ce paradoxe, qu’il s’agisse de comprendre l’origine de la maladie ou, à l’inverse, celle des ressources dont dispose encore le patient pour ne pas s’y perdre tout entier. Il faut accepter alors la greffe de la psychanalyse sur la phénoménologie. À elle d’éclairer ce qui fait que l’espérance reste ou ne reste pas une forme vide.
Melancholia is rightly considered to be the ultimate form of despair. It is the end of all freedom and hence of any kind of project, in the radical sense in which the term is used in phenomenological philosophy. But if this is so, we may ask ourselves why melancholics do not all kill themselves? Should we not assume that a future remains open, even when the horizon of any project has closed? Such a hypothesis leads to the paradoxical idea of melancholic hope. Linking melancholia to childhood is a way of exploring this paradox in greater depth, whether it is a case of trying to understand the origin of the illness or, conversely, of the resources that the patient still has at their disposal to avoid losing themselves entirely in it. We must therefore accept the graft of psychoanalysis onto phenomenology. It is up to psychoanalysis to shed light on what makes hope an empty form or not.
La melancolía es tenida con razón como la forma acabada de la desesperanza. Evidencia el fin de toda libertad y por esto de todo proyecto, en el sentido radical que toma el término en la filosofía fenomenológica. Sin embargo podemos preguntarnos, sí esto es así, por qué todos los melancólicos no se matan. ¿Acaso no debemos suponer por lo dicho que un porvenir sigue abierto, cuando el horizonte del proyecto se cerró?Tal hipótesis conduce a la idea – paradójica – de una esperanza melancólica. Vincular la melancolía a la infancia es profundizar la paradoja, ya se trate de comprender el origen de la enfermedad o, por el contrario, la de los recursos que aún dispone el paciente para definitivamente no perderse totalmente. Hay que aceptar pues el injerto del psicoanálisis en la fenomenología. A ella le concierne aclarar por qué la esperanza sigue siendo o no una forma vacía.
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