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Repenser le chartisme

Par : Type de matériel : TexteTexteLangue : français Détails de publication : 2007. Ressources en ligne : Abrégé : Cet article remet en cause l’interprétation du chartisme qui a dominé depuis la fin du XIXe siècle et trouve sa première formulation dans les écrits de Carlyle et Engels dans les années 1840. Selon cette interprétation «sociale», l’utilisation d’une terminologie de classe par les chartistes traduisait l’émergence d’une nouvelle conscience de classe au sein du mouvement ouvrier en réponse à la «Révolution industrielle». En réalité, la formulation des revendications et des exigences chartistes, y compris à travers l’utilisation d’une terminologie de classe, appartient tout entière au langage du radicalisme.Ce langage, qui datait du milieu du XVIIIe siècle, était dirigé non contre les employeurs mais contre l’État. Son principal présupposé était que la misère de la partie industrieuse de la nation était due à la monopolisation du pouvoir et de la représentation politique par ceux qui détenaient la propriété privée. Les autres formes du discours contestataire de cette période – le trade-unionisme, la coopération, l’owénisme, mais aussi ce qu’on appelle abusivement le «socialisme ricardien» – n’étaient pas plus proches d’une conscience de classe de type marxiste que le radicalisme. La nouveauté que représente le chartisme consiste en deux points principaux. Après 1832, premièrement, le «peuple» fut de facto assimilé à la «classe ouvrière», le seul groupe qui restait exclu du droit de vote. En second lieu, l’oppression du peuple par l’État n’était plus symbolisée par les impôts iniques ou par les privilèges, mais plutôt par l’idée qu’on utilisait la loi pour intensifier la concurrence entre les travailleurs afin de baisser les salaires. Or, vers la fin des années 1830, l’État abandonna sa politique simplement répressive. À travers la baisse des impôts indirects, la limitation du temps de travail dans les mines et dans les usines,l’abolition des lois sur le blé et les politiques éducative et de santé, il prouvait qu’une réforme était possible à l’intérieur du cadre législatif existant. C’est donc la réforme de l’État qui conduit à la désintégration du chartisme, bien avant les années de prospérité du troisième quart du XIXe siècle.Abrégé : This essay challenges the interpretation of Chartism,which has been dominant since the late nineteenth century and dates back to the writings of Carlyle and Engels in the 1840s.According to this «social» interpretation, the use of class terminology by the Chartists was an expression of a class consciousness newly acquired by a working class movement in response to the «industrial revolution». Here it is argued instead, that the Chartist articulation of grievances and demands, including the use of class terminology, belonged wholly to a language of radicalism.This language dated back to the middle of the eighteenth century and was targeted, not against employers,but the state.Its basic assumption was that the misery of the industrious part of the nation was due to the monopoly of power and political representation possessed by the owners of private property. Other forms of radical discourse in the period – trade unionism, cooperation, Owenism, so-called «Ricardian socialism» – are examined,but are also shown to be no closer to class-consciousness of a Marxian kind than radicalism. What was new about Chartism was,firstly, that after 1832 the «people» became de facto «the working classes», the only group now excluded from the franchise.Secondly,the state was no longer seen to oppress the people by unequal taxes and special privileges, but primarily by employing the legislature to increase competition among workers and thus lower wages.Around the end of the 1830s, however, the state abandoned simple repression. By lowering indirect taxes, regulating hours in mines and factories, abolishing the Corn Laws and promoting education and urban health,it demonstrated that beneficial reform was possible within an unreformed legislature. Therefore, reform of the state brought about the disintegration of Chartism even before the growth of prosperity in the mid-Victorian period.
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Cet article remet en cause l’interprétation du chartisme qui a dominé depuis la fin du XIXe siècle et trouve sa première formulation dans les écrits de Carlyle et Engels dans les années 1840. Selon cette interprétation «sociale», l’utilisation d’une terminologie de classe par les chartistes traduisait l’émergence d’une nouvelle conscience de classe au sein du mouvement ouvrier en réponse à la «Révolution industrielle». En réalité, la formulation des revendications et des exigences chartistes, y compris à travers l’utilisation d’une terminologie de classe, appartient tout entière au langage du radicalisme.Ce langage, qui datait du milieu du XVIIIe siècle, était dirigé non contre les employeurs mais contre l’État. Son principal présupposé était que la misère de la partie industrieuse de la nation était due à la monopolisation du pouvoir et de la représentation politique par ceux qui détenaient la propriété privée. Les autres formes du discours contestataire de cette période – le trade-unionisme, la coopération, l’owénisme, mais aussi ce qu’on appelle abusivement le «socialisme ricardien» – n’étaient pas plus proches d’une conscience de classe de type marxiste que le radicalisme. La nouveauté que représente le chartisme consiste en deux points principaux. Après 1832, premièrement, le «peuple» fut de facto assimilé à la «classe ouvrière», le seul groupe qui restait exclu du droit de vote. En second lieu, l’oppression du peuple par l’État n’était plus symbolisée par les impôts iniques ou par les privilèges, mais plutôt par l’idée qu’on utilisait la loi pour intensifier la concurrence entre les travailleurs afin de baisser les salaires. Or, vers la fin des années 1830, l’État abandonna sa politique simplement répressive. À travers la baisse des impôts indirects, la limitation du temps de travail dans les mines et dans les usines,l’abolition des lois sur le blé et les politiques éducative et de santé, il prouvait qu’une réforme était possible à l’intérieur du cadre législatif existant. C’est donc la réforme de l’État qui conduit à la désintégration du chartisme, bien avant les années de prospérité du troisième quart du XIXe siècle.

This essay challenges the interpretation of Chartism,which has been dominant since the late nineteenth century and dates back to the writings of Carlyle and Engels in the 1840s.According to this «social» interpretation, the use of class terminology by the Chartists was an expression of a class consciousness newly acquired by a working class movement in response to the «industrial revolution». Here it is argued instead, that the Chartist articulation of grievances and demands, including the use of class terminology, belonged wholly to a language of radicalism.This language dated back to the middle of the eighteenth century and was targeted, not against employers,but the state.Its basic assumption was that the misery of the industrious part of the nation was due to the monopoly of power and political representation possessed by the owners of private property. Other forms of radical discourse in the period – trade unionism, cooperation, Owenism, so-called «Ricardian socialism» – are examined,but are also shown to be no closer to class-consciousness of a Marxian kind than radicalism. What was new about Chartism was,firstly, that after 1832 the «people» became de facto «the working classes», the only group now excluded from the franchise.Secondly,the state was no longer seen to oppress the people by unequal taxes and special privileges, but primarily by employing the legislature to increase competition among workers and thus lower wages.Around the end of the 1830s, however, the state abandoned simple repression. By lowering indirect taxes, regulating hours in mines and factories, abolishing the Corn Laws and promoting education and urban health,it demonstrated that beneficial reform was possible within an unreformed legislature. Therefore, reform of the state brought about the disintegration of Chartism even before the growth of prosperity in the mid-Victorian period.

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