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Qu’on s’en félicite ou qu’on le déplore, l’horizon d’attente que nous avons présent à l’esprit en étudiant collectivement la littérature amoureuse à l’université ou à l’école fait une place croissante aux abus sexuels que les auteurs classiques sont soupçonnés d’encourager. En revenant sur des controverses critiques, on montre que les lectures à charge ne datent pas d’hier et reposent sur le choix de traduire le langage poétique en termes crus, pour en souligner la misogynie. À l’inverse, on rappelle le rôle important du public féminin dans la formation du genre des  Amours, et on propose de commenter cette poésie sans la verrouiller sur un désir sexuel masculin, mais en nous rendant sensibles à ses subtilités, à sa polyphonie, à sa liberté fictionnelle, qui permettent à des lectrices et des lecteurs très divers de se l’approprier.

It would be a matter of satisfaction to some and of concern to others, but our horizon of expectation when we read and study love literature in university or at school makes an increasing space for the suspicion that classical authors might foster sexual abuse. Coming back on some critical debates, I show that accusatory readings are not so new, and are based on the choice to translate poetical language into blunt terms, in order to underline its misogyny. In contrast, I remember the important role played by the female audience in the fashioning of the Amours  genre, and I suggest that the way we comment on this poetry should not lock it onto a male sexual desire, but make us sensitive to its qualities of subtlety, polyphony and fictional freedom, that allow very diverse female and male readers to use it for themselves.