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Les marchands arméniens de la Nouvelle-Djoulfa (Ispahan, Perse) ont créé et animé à Marseille, durant les années 1669-1695, une colonie qui a joué un rôle important et méconnu dans l’intensification des échanges commerciaux entre l’Europe et l’Asie. Le but de cet article est de retracer l’histoire de ce groupe de négociants chrétiens et orientaux dans une ville européenne et d’en apprécier les retombées économiques, sociales et culturelles. L’analyse porte notamment sur les stratégies développées par ces hommes pour concilier leur appartenance à un réseau communautaire intercontinental et les nécessités de l’intégration à une société d’accueil marquée par une forte identité. À travers l’examen de la soudaine disparition de ce groupe à l’extrême fin du XVIIe siècle, cette étude cherche également à comprendre les caractéristiques des redéploiements spatiaux des réseaux marchands dans des périodes de recomposition des routes et circuits du négoce international.

Between intercontinental community network and local integration : the Marseilles colony of the Armenian merchants from New Julfa (Isfahan), 1669-1695 During the years 1669-1695, the Armenian merchants from New Julfa (Isfahan, Persia) gave life to a colony which played an important and underestimated role in the growth of trade exchanges between Europe and Asia. The aim of this paper is to explore the history of this Oriental and Christian merchant group in a European city and to assess its economic, social and cultural outcomes. In particular it analyzes the strategies implemented by these traders to accommodate their belonging to an intercontinental community network and their need to integrate into this distinctive host society. The study of the sudden disappearance of this group at the end of the 17th century allows us also to understand better the features of spatial redeployments on merchant networks during periods of reconfiguration in international trade circuits and routes.