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This contribution is an attempt to describe the approach I have been developing in order to understand from a legal perspective the thickness of European borders, a thickness that contributes to the management of migrations. The aim I pursue consists in seizing how norms participate to the fact that borders broaden geographically and expand temporally. In such a perspective, the construction of borders is considered through the uses of power that are deployed there, uses that avoid requirements of ethics, uses that result in violations of migrants’ rights. For this reason, I propose to understand borders as heterotopias of dissolution, as “other spaces” in which migrants are submitted to desubjectivation. I distinguish different operations that are developed within border spaces (extraction, classification, obliteration), and that reveal how borders are not only controlled areas of marginalization but also strategic institution of domination

Cette contribution tente de saisir en droit les frontières européennes dans leur épaisseur, épaisseur qui participe des modalités de gestion des migrations. Il s’agit de rendre compte du fait que les frontières se dilatent d’un point de vue géographique et se répandent d’un point de vue temporel au gré des normes adoptées et appliquées. La construction des frontières est envisagée au travers des usages du pouvoir qui y sont déployés, usages qui se distancient des exigences de l’éthique, usages qui se traduisent par des violations des droits des migrants. C’est pourquoi il est proposé d’appréhender les frontières comme des hétérotopies de dissolution, comme des « espaces autres » dans lesquels les migrants sont désubjectivés. En effet, différentes opérations y sont développées (extraction, classification, oblitération) si bien que les frontières apparaissent non seulement comme des espaces de marginalisation sous contrôle, mais encore comme des institutions de domination.