Les « musiques expérimentales » : une polémique en devenir
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La notion de « musiques expérimentales » a régulièrement servi à revendiquer une position de marge vis-à-vis des musiques populaires aussi bien que des canons de la musique savante. Elle revient aujourd’hui de plus en plus souvent, quitte à apparaître sans cesse plus centrale, et donc plus floue. Les choses se compliquent quand des musiciens autodidactes, qui apprécient de composer par tests et erreurs, ou qui s’intéressent à des attitudes d’écoute originales, jouent le jeu de la légitimité en utilisant ce que le mot porte de référence lointaine aux avant-gardes sonores, et à des figures comme John Cage et Pierre Schaeffer. Matthieu Saladin, artiste, musicien, auteur et maître de conférence à Paris 8, a notamment écrit le récent L’expérience de l’expérimentation (Les presses du réel). Nous lui avons demandé une mise au point sur ces mots et ces idées, et il a choisi de l’aborder par une polémique en partie indirecte entre Cage et Schaeffer. Dans cette polémique, la référence à une approche scientifique contrôlée s’oppose clairement à un jeu avec l’indétermination, mais cela n’empêche pas des airs de famille entre leurs deux esthétiques. S’il n’y a pas d’origine et de définition ferme de « musiques expérimentales », cette idée correspond néanmoins historiquement à des procédés et à des parti-pris, qu’il vaut mieux connaître si l’on prétend faire ou entendre de la musique en expérimentation.
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