Foi et raison : pour quelle inculturation?
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RésuméÀ partir de la Lettre encyclique du pape Jean-Paul II en 1998, Foi et raison, Julia Kristeva expose ses propres développements sur la séparation et l’articulation nécessaires de la foi et de la raison, ou, en d’autres termes, de la croyance et de la pensée.De même que la théologie sert de socle aux sciences humaines, les sciences humaines éclairent les dogmes eux-mêmes. Humanisme chrétien et humanisme sécularisé ne sauraient s’abstraire d’une interrogation sinon partagée, du moins contemporaine. C’est ce que promeut le terme d’ inculturation (à entendre comme incarnation), qui fait résonner les deux affirmations suivantes comme une invitation à penser : les avancées philosophiques et scientifiques sécularisées partagent des présupposés éthiques universels issus du croisement entre les pensées grecques-juives-chrétiennes ; la place de ce croisement, de ses ruptures et de ses refontes, est incontournable dans l’avènement de l’idée universelle de l’Homme et du respect de sa dignité sur la terre globalisée. La sécularisation n’est pas diabolique, et l’athéisme peut et doit reconnaître ses dettes à la théologie. D’où, pour sortir de la dichotomie métaphysique entre foi et raison, une nécessaire et patiente inculturation de l’expérience religieuse dans la sécularisation et vice-versa, qui interpelle croyants et non croyants. Cette longue marche va jusqu’à une invitation à « penser avec Marie », comme l’écrit Jean-Paul II. Autrement dit, jusqu’à ce que Julia Kristeva appelle la « passion maternelle » : la traversée de l’omnipotence du Moi et de ses emprises aussi bien narcissiques que mortifères, que réalise toute mère, pour faire advenir, par et dans le dépassionnement et la transmission de la langue maternelle à l’enfant, « l’espace d’une pensée ».
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