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On pourrait aisément écrire une histoire de la théologie moderne à partir de l’usage polémique du concept de tradition. Il suffit, pour s’en convaincre, de prendre connaissance du décret Sacrosancta du concile de Trente promulgué le 8 avril 1546 et de sa réception complexe à la veille du deuxième concile du Vatican. Si la conception théologique de la révélation comme tradition finit par s’imposer chez un grand nombre de théologiens, cela ne se fit pas sans de profondes mutations, philosophiques et philologiques, mutations ayant intégré le facteur décisif de la distance temporelle et de l’historicité des représentations qui affectent la vie de l’esprit. Dans ce domaine, bien des préjugés ont dû tomber. L’étude que nous présentons a pour but de décrire et d’interpréter ces phénomènes sous la forme d’une esquisse synthétique et prospective.

A history of modern theology could easily be written from the controversial use of the concept of tradition. To be convinced of this, it suffices to read the Sacrosancta decree of the Council of Trent promulgated on 8 April 1546, and its complex reception on the eve of the Second Vatican Council. If the theological conception of the revelation as tradition ends up imposing itself on a large number of theologians, it was not done without profound philosophical and philological mutations, which have integrated the decisive factor of the temporal distance and historicity of the representations that affect the life of the spirit. In this area, many prejudices must have fallen. Our study aims at describing and interpreting these phenomena in the form of a synthetic and prospective sketch.