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Pour faire ressortir l’originalité de la proposition heideggerienne en matière de phénoménologie de la religion, la présente contribution emprunte la voie d’une confrontation avec l’entreprise de Jean Héring, ancien élève de Husserl et auteur d’une monographie intitulée Phénoménologie et philosophie religieuse (1925). Cette confrontation montre à quel point la force de l’herméneutique théologique du jeune Heidegger et la singularité de sa phénoménologie de la religion sont indissociables de l’infléchissement de sa collaboration avec Husserl en vigoureuse critique. Rejetant fermement l’orientation eidétique, axiologique et épistémologique imprimée par Héring, dans le sillage de Scheler et de Husserl, à la phénoménologie du vécu religieux, Heidegger l’oriente vers l’accomplissement de la vie facticielle prise dans son historicité et ressaisie dans son présent vivant.

In order to bring out the originality of Heidegger’s proposal for a phenomenology of religion, the present contribution takes the path of a confrontation with Jean Héring’s enterprise, a former student of Husserl and author of Phenomenology and Religious Philosophy (1925). This confrontation shows to what extent the strength of young Heidegger’s theological hermeneutics and the singularity of his phenomenology of religion are inseparable from the shift of his collaboration with Husserl into vigorous criticism. Firmly rejecting the eidetic, axiological and epistemological orientation imposed by Héring, in the line of Scheler and Husserl, to the phenomenology of religious experience, Heidegger orients it towards the accomplishment of facticial life taken in its intrinsic historicity and considered in its living present.