Le grand complot des presets
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Le débat a fait rage « à la rédaction » : faut-il, oui ou non, publier cet entretien fleuve entre deux techniciens avertis, discutant de la pertinence et de l‘impact des presets (ces sons conçus par des ingénieurs et intégrés par défaut aux synthétiseurs, boîtes à rythmes et aux logiciels de musique) ? Audimat a-t-il vraiment vocation à parler technique ? Le consensus, autant vous le dire tout de suite, n’a jamais été trouvé. Mais cette conversation entre Stefan Goldmann, producteur techno allemand et théoricien passionné, et l’Autrichien Mike Daliot, développeur et sound designer pendant plus d’une décennie chez l’influent éditeur de logiciels Native Instruments (on lui doit, entre autres, les synthétiseurs virtuels Massive et Lazerbass — deux outils majeurs du courant dit « brostep » représenté par Skrillex et consorts —, ainsi que les effets du logiciel pour DJ Traktor), aujourd’hui professeur en sound studies à l’Université des Arts de Berlin, soulève in fine suffisamment de questions passionnantes pour avoir sa place ici. Extraite du livre d’entretiens de Goldmann, Presets – digital shortcuts to sound (The Bookworm, 2014), cette discussion à bâtons rompus livre une belle réflexion — aux conclusions parfois surprenantes — sur la musique d’aujourd‘hui, ses corollaires, son contexte : les compromis commerciaux des fabricants, la complexité excessive des outils, la perspective historique, l’origine des sons, leur sens et leur fonctionnement… Si sa lecture peut s’avérer un peu ardue pour les profanes, elle n’en reste pas moins essentielle pour celles et ceux qui aiment jeter un œil en coulisses. Les enjeux du sound design appliqués à la MAO (Musique Assistée par Ordinateur) sont en effet au cœur d’un débat sous-estimé : quelle est la part de créativité de l’ingénieur, quelle place l’industrie, comme les utilisateurs, lui réservent-ils et en quoi l’outil technique influence-t-il le musicien ?
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