Lee Perry dans la fiction sonique
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Depuis quelques temps déjà, Audimat cherchait à parler des musiques jamaïquaines, dub et reggae pour aller vite, en esquivant le folklore pour essayer de donner à lire quelque chose de pertinent et de suffisamment dense sur la manière dont les techniques établies sur l’île irriguent encore une large partie de la production contemporaine.En nous replongeant, à l’occasion de sa prochaine réédition augmentée prévue pour 2018, dans More Brilliant than the Sun : Adventures in Sonic Fiction, le manifeste chaotique de Kodwo Eshun, auteur, théoricien, cinéaste et professeur au Goldsmiths College de l’Université de Londres, nous avons réalisé que son chapitre sur Lee « Scratch » Perry pourrait remplir avantageusement cet office. Dans son livre, paru à l’origine en 1998, Eshun tentait, dans la forme et sur le fond, de tracer une ligne entre différentes figures marquantes de l’Afrofuturisme, Sun Ra, Alice Coltrane, Dr Octagon, Parliament ou Drexciya entre autres, et de théoriser en douce cette appropriation des codes de la science-fiction par la communauté afro-américaine comme acte de résistance (au système, au conformisme ambiant).Lee Perry, producteur de légende, pionnier du dub, a envisagé avant beaucoup d’autres son studio, le mythique Black Ark, comme un outil de création à part entière, un « O.S. destiné à reconfigurer la réalité sonore », pour reprendre le titre de l’introduction de l’essai d’Eshun. Pour ce dernier, comme pour Perry, la machine ne nous éloigne pas de nos émotions : elle permet au contraire de ressentir plus intensément, d’arpenter un spectre émotionnel toujours plus large.
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