L’autre et le bon Dalmate : les dangers de la différence
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La dislocation de la Yougoslavie permet de conduire certaines études locales autrefois moins aisées. La Dalmatie, quoique province de la Croatie depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale cultive ses particularismes les plus locaux. Chaque île, voire même chaque village de chaque île, voire même chaque groupe professionnel dans chaque village se prétend distinct du groupe voisin, distinct et supérieur, cela s’entend. La profusion des dialectes du serbo-croate (tchakavien et štokavien dans les trois variantes ekavienne, ijekavienne et ikavienne cohabitent dans la même région) ne respecte aucune frontière politique et fournit un excellent argument pour hiérarchiser les localités, à qui parlera de façon la plus particulière ou la plus littéraire. L’argumentaire est déployé pour étayer l’hypothèse de la plus grande humanité, authenticité, vérité et grandeur morale. La présence de personnes d’origine serbe ou de gens qui ont fui des zones autrefois conquises par les Turcs, quelle que soit leur religion ou leur attitude envers la religion, complique encore le jeu obsessionnel du particularisme. L’introduction des étrangers dans le cadre local n’est vue que comme source de perturbation inévitable. Cette étude anthropologique explore un moment du jeu identitaire particulièrement exacerbé, alors que la région a connu tant de régimes et de mouvements de populations.
Yugoslavia’s falling apart facilitates today local surveys that used to be less welcome. Dalmatia, although a Croatian province since the end of World War II, does nurture its particularities, even the most local ones. Every island, even every village on every island, and even every occupational group in each village pretends to be different from the neighboring group, not only distinct but quite naturally superior. The plethora of Serbo-Croatian dialects does not abide to any political division and provides for appropriate stuff in order to hierarchize places and groups (Chakavian and Shtokavian in the three versions Ekavian, Ijekavian and Ikavian coexist in the region).It is a question of who speaks in the most special or the most literary way. The argument is unfolded in order to consolidate the hypothesis of one’s most real humanity, authenticity, frankness and moral grandeur. People of Serbian background or whose ancestry fled territories conquered by the Ottomans – whatever their present religion or even their personal attitude towards religion - makes the obsessive game of particularities even more complicated. The arrival of strangers in any local setting can’t be seen but as a source of unavoidable trouble. This anthropological study surveys a definite moment of the sharpened identity game while this region has experienced so many different regimes and population flows.
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