Pour une cité joyeuse
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L’enfant vit en marge de la cité : il ne s’y déplace pas seul, ne joue pas dans les rues, mais dans des espaces confinés et stéréotypés qui formatent ses mouvements et sa perception. Pourtant, l’interaction avec l’environnement et la liberté de déplacement, comme la possibilité de partager le même monde que celui des adultes sont indispensables à son épanouissement. Les causes de ce retrait de l’espace public de la rue sont-elles seulement liées aux risques d’agressions ou d’enlèvements et aux dangers que représentent les voitures ? Quelles sont les causes de cette obsession sécuritaire autour de l’enfant ? Derrière les peurs des dangers de la ville pour l’enfant, n’y a-t-il pas une peur inavouable de l’enfant lui-même, cet être qu’Aristote qualifiait d’« anomalie » ? La mise à l’écart de l’enfant dans la cité n’est-elle pas le symptôme d’un rejet de ce dernier en ce qu’il incarne d’interrogation, d’ouverture et de liberté ? Ainsi, les sociétés autocratiques comme celle de Sparte ont-elles prôné l’embrigadement de l’enfant et sa mise à l’écart du monde. Dans Le Meilleur des mondes, Aldous Huxley dépeint une société autoritaire où les enfants sont produits par des machines, vivent dans un monde parallèle à celui des adultes et sont conditionnés pour accepter la classe sociale pour laquelle ils ont été fabriqués. À l’opposé de ces modèles, une cité démocratique ne devrait-elle pas favoriser l’épanouissement d’un enfant libre et indépendant, comme Janus Korczak ou Alexander Neill l’ont affirmé il y a plus d’un siècle ? Qu’en est-il de la liberté pour l’enfant de parcourir et d’habiter la ville ? Les diverses initiatives à l’œuvre, notamment à Paris, sont-elles à la mesure de cette question ?
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