Qui suis-je pour juger ?
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En Polynésie française, les violences sexuelles intrafamiliales ont été récemment reconnues comme une priorité de l’action publique. Cependant, les professionnel·le·s situé·e·s en première ligne sont parfois réticent·e·s à signaler les cas révélés ou suspectés, même lorsqu’ils et elles en reconnaissent la gravité. En régulant la parole, en temporisant le dévoilement, en normalisant les violences ou en minimisant leur impact, certain·e·s participent à la construction de l’inceste et du viol conjugal comme des problèmes qui ne font pas de bruit. Si ces mécanismes de silenciation ne sont pas spécifiques au contexte polynésien, les acteur·rice·s se saisissent de mythes et de stéréotypes concernant le rapport à la sexualité et à la violence dans le Pacifique pour les justifier. Ces pratiques sont structurées par une série de contraintes et de conflits moraux, ainsi que par un prisme culturaliste convoqué pour réduire la complexité d’un problème vis-à-vis duquel ils et elles s’estiment démuni·e·s et en partie illégitimes à agir.
In French Polynesia, domestic sexual violence has recently been recognised as a priority for public action. However, professionals on the front line can be reluctant to report confirmed or suspected cases, even though recognising their seriousness. By regulating speech, delaying disclosure, normalising violence or minimising its impact, some professionals participate in the construction of incest and marital rape as problems that do not make noise. Even if these mechanisms of silence are not specific to the Polynesian context, the actors refers to myths and stereotypes about sexuality and violence in the Pacific to justify them. The professional’s practices are structured by several constraints and moral conflicts and by a culturalist prism reducing the complexity of a problem towards which they feel helpless and partly illegitimate.
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